FootballCe derby du Rhône est simplement une confirmation
Le match 2-2 entre Sion et Servette a permis d’illustrer les forces et les faiblesses de chacun. Sans qu’on ne soit plus avancé, tant au classement que dans l’image donnée sur le terrain.
- par
- Valentin Schnorhk Sion
Dans un monde un petit peu plus logique, Servette aurait sans doute dû remporter ce derby du Rhône. Reste que pour la troisième fois cette saison, il y a eu match nul (2-2). Et cela dit aussi que la supériorité supposée des Genevois, au vu du classement, n’est pas si prégnante sur un derby. Parce qu’ils ne sont jamais complètement dominants et parce que les Valaisans ont sans doute trouvé leur ligne, plus attentiste.
Les trois enseignements
On n’est pas plus avancé. Ce derby entre Sion et Servette ne permet à personne de se trouver de nouvelles certitudes, et encore moins de faire des écarts au classement. Pour Sion, la neuvième place de samedi peut encore se transformer en dixième rang lundi, alors que les 4 points d’avance qu’avait le deuxième Servette sur ses poursuivants sont appelés à fondre. Bref, occasion manquée pour les deux équipes.
Il faut sans doute croire Jérémy Frick lorsque celui-ci parle de «fatigue émotionnelle et mentale après le match de Coupe de Suisse», mais ce Servette fait toujours autant preuve de fragilité, et perd bien trop facilement le fil d’un match. À quoi l’attribuer? Peut-être au manque de principes clairs et récurrents, notamment avec ballon, sur lesquels se reposer, et qui pourraient d’une certaine manière déresponsabiliser les individualités.
Avec quatre points en deux matches, David Bettoni connait une bonne période. Sion trouve une forme de cohérence, au moins d’un point de vue défensif même si tout n’y est pas parfait, et il sait donc comment il veut aller vers le maintien: en tenant, et en jouant les coups à fond. C’est une stratégie. Bettoni peut-il l’étoffer?
Le meilleur Servettien: Enzo Crivelli
Un but, une implication sur le deuxième: Enzo Crivelli a peut-être livré son match le plus abouti depuis qu’il a rejoint Servette l’été dernier. L’attaquant français a fait beaucoup de bien aux Grenat, qui pouvaient le trouver facilement dans le jeu. En déviation ou en appui, Crivelli a été un attaquant mobile et utile à son équipe.
Présent dans le jeu aérien (il aurait peut-être dû signer un doublé sur une tête en deuxième période, mais Lindner a réalisé un bel arrêt), il offre une alternative plus que pertinente à Chris Bedia dans des matches où Servette ambitionne d’être proactif. Il donne en effet un peu plus de continuité au jeu que son concurrent direct, lequel est sans doute plus efficace dans le dernier geste, en bout de chaîne.
Le meilleur Sédunois: Cleilton Itaitinga
Il y a pour le Brésilien un but. Mais il y a aussi plusieurs autres situations dangereuses. Il est le Sédunois qui a été le plus menaçant dans les vingt derniers mètres adverses. C’est en le trouvant que Sion a pu nourrir certains espoirs. De tous les éléments offensifs de l’effectif sédunois, il est sans doute celui qui parvient à être le plus concret, en mêlant son activité sur l’aile avec un désir de se rapprocher du but adverse.
Dans son projet assez minimaliste, Sion peut donc difficilement faire sans lui pour se créer des occasions sur la continuité. Cela ne fait pas un projet, mais Itaitinga donne au moins un peu de corps à la simplicité du plan de David Bettoni.
Le moins bon: Nicolas Vouilloz (Servette)
La gestion de la défense centrale servettienne est un point d’interrogation. Pourquoi Alain Geiger s’est-il mis à faire tourner Nicolas Vouilloz, titulaire indiscutable en début de saison, et le très fiable remplaçant Steve Rouiller au poste d’axial droit? Yoan Séverin, de son côté, a un statut d’intouchable à gauche, vraisemblablement parce qu’il est gaucher.
Reste que ces dernières semaines, Vouilloz (21 ans) semble être en perte de confiance. Et cela s’est vu contre Sion. Ses interventions n’ont jamais été franches, et cela l’a mené à concéder le penalty du 1-1. Aussi, il ne prend plus le moindre risque à la construction, et cela se sent face à une formation attentiste.
La décla’
Le fait tactique: le 4-4-2 sédunois
Après le succès miraculeux (2-1) à Lucerne la semaine passée, David Bettoni a logiquement reproduit contre Servette le 4-4-2 qu’il avait utilisé en Suisse centrale. Est-ce la meilleure formule défensive pour Sion? Possible, cela donnant au moins une idée du bloc que les Valaisans veulent opposer à leurs adversaires. Mais il lui manque sans doute une certaine compacité. Notamment entre les attaquants et les milieux de terrain.
Pour que ce 4-4-2 trouve toute sa pertinence, il est important que l’espace entre les lignes soit maîtrisé. À Lucerne dimanche dernier, le premier rideau défensif composé de Sio et Balotelli manquait d’activité et, surtout, il n’était pas suivi par le reste du bloc, laissant Lucerne manœuvrer haut dans le terrain.
Contre Servette, Sion a trouvé un petit peu plus de compacité. Parce que le bloc a osé suivre la paire Zagre-Sio. Ainsi, sans ballon, il a eu des séquences plus haut dans le terrain, compliquant tout de même la tâche servettienne. Reste que les Genevois ont souvent fini par trouver la solution en repartant à trois pour créer une supériorité numérique. Et une fois la première ligne passée, il y avait encore beaucoup d’espaces à exploiter dans le bloc adverse, notamment à l’intérieur. Détails à régler pour Bettoni.
La statistique
96%, ou la probabilité que Servette avait de transformer l’action du 0-1. Il aurait autrement dit fallu le faire exprès pour que Crivelli ne trouve pas la faille, après que Stevanovic avait touché deux fois la barre. La probabilité de marquer (qui se base sur les Expected Goals) était déjà de plus de 70% après les deux tentatives du Bosnien.
Une question pour penser l’avenir
Le 4e derby de la saison, le 13 mai prochain, trouvera-t-il enfin un vainqueur?