Football: Peter Zeidler: «Avec notre public, on vit un véritable phénomène»

À 61 ans, Peter Zeidler peut se targuer d’être deux fois doyen. Le coach du FC Saint-Gall est non seulement le technicien le plus âgé dans l’élite helvétique mais il s’impose surtout comme celui qui est en place depuis le plus longtemps en Super League.

Nommé le même jour que le Valaisan l’avait été à la Praille, Zeidler a longtemps partagé ce titre avec Alain Geiger. Depuis la non-reconduction du contrat de celui-ci au Servette, il est seul à détenir un record certes symbolique mais qui dit néanmoins beaucoup de la manière dont travaillent les clubs.

En poste depuis le 1er juillet 2018 sur le banc du Kybunpark, l’ancien entraîneur du FC Sion écrase la concurrence si l’on sait que son second, en l’occurrence Mattia Croci-Torti, s’est installé sur le banc du FC Lugano plus de trois ans plus tard!

Dans un monde tourbillonnant, où les coaches, victimes du Toto-Mat, ne font le plus souvent que passer, comment l’intéressé vit-il cette situation peu banale? «Ce qui m’arrive n’est bien sûr pas la normalité, reconnaît Peter Zeidler, dont le contrat, déjà reconduit à deux reprises, court désormais jusqu’au 30 juin 2027. Mais il est intéressant de pouvoir travailler dans la durée quand ça fonctionne et que tout le monde y trouve son compte. Saint-Gall pense que je suis le bon coach pour lui… À l’inverse, j’ai trouvé ici un environnement idéal. D’ailleurs, tout ceci est devenu tellement normal pour moi que je n’y pense même plus…»

La relation de confiance entre le technicien allemand et ses dirigeants est telle que même des résultats négatifs ne peuvent la détériorer. «Même quand cela va moins bien et que l’on connaît un passage à vide comme cela avait été le cas la saison dernière, confirme notre interlocuteur, je sens la confiance des dirigeants. Ça me rend encore plus fort.»

À l’autre bout du pays, l’engouement populaire, on le sait, est exceptionnelle. Sous l’ère Zeidler, la moyenne de fréquentation a ainsi bondi de 12 500 spectateurs (2018) à 17 575 spectateurs (2023). Spectaculaire, la hausse touche aussi les abonnés, dont le nombre a doublé en quelques années pour atteindre aujourd’hui 12 000. Comment expliquer cette incroyable vague verte et le facteur d’identification qui en découle? «Avec notre public, on vit un véritable phénomène. Les gens sont fiers d’être saint-gallois, c’est leur club. Loin des grands centres urbains que sont Bâle, Berne et Zurich, Saint-Gall draine jusqu’à Coire et au lac de Constance. Ce n’est peut-être pas la Bundesliga ou la série A mais ce que l’on peut ressentir à chaque match y est quand même extraordinaire…»

Injouables à domicile, les protégés de Zeidler ont enchaîné cette saison sept victoires devant leur public (19-7 de différence de buts). Leur parcours est par contre beaucoup plus laborieux à l’extérieur (8 matches/6 points). «Le soutien du public nous manque. Sans doute y a-t-il aussi un petit côté psychologique. À la maison, on sait qui est le chef…»

Où s’arrêtera cet étonnant FC Saint-Gall? «On en veut toujours un peu plus, répond son coach. Mais cela veut dire quoi? S’approcher du premier, est-ce possible? Le prochain pas, ce serait de vivre une aventure européenne. Ce que le public genevois connaît avec Servette, notre public aimerait le vivre à son tour…»

Ce dimanche (14 h 15), Saint-Gall accueillera d’autres «vert», ceux d’Yverdon-Sport. Peter Zeidler n’a pas oublié les circonstances du match aller, remporté 1-0 par le néo-promu. «On avait concédé là-bas notre seule défaite méritée de la saison, concède-t-il. Depuis, il y a eu du changement à Yverdon. Tout en respectant cette équipe, tout le monde sait ce que signifie le fait d’évoluer à domicile. Le stade sera plein, cela va être la fête…»

En poste depuis 5 ans, 5 mois et 1 jour, le doyen des coaches de Super League effacera bientôt le record du légendaire Willy Sommer, qui avait entraîné Saint-Gall durant 6 ans entre 1975 et 1981.

En Suisse, le record absolu appartient à son compatriote Helmut Benthaus, présent à la tête du FC Bâle pendant… seize ans. Durant les six premières années de son mandat à Saint-Jacques, il y cumulait même deux fonctions, coiffant la casquette d’entraîneur-joueur de 1965 à 1971. Une situation impensable aujourd’hui.