ClimatLe réchauffement affecte le goût de la bière et la rendra plus chère
Le rendement du houblon est en baisse en Europe à cause des températures et sa teneur en acides alpha, qui donnent son goût au breuvage, diminue.


Plus il fait chaud et sec, moins il y a de houblon et sa qualité baisse.
Getty Images/iStockphotoOn sait déjà que le réchauffement climatique a un impact sur les vignobles, certains cépages réservés au sud devenant un produit d’avenir plus au nord. Eh bien cela semble être la même chose avec la bière, selon une étude.
Troisième breuvage le plus consommé au monde derrière l’eau et le thé, la bière nécessite pour sa fabrication de l’eau, de l’orge et de la levure. Mais aussi du houblon. C’est la teneur en acides alpha de ce dernier qui donne en partie sa saveur à la bière. Et la tendance aux bières artisanales pousse le consommateur à aimer de plus en plus du houblon à forte teneur en ces acides.
Des chercheurs tchèques se sont donc penchés sur la culture du houblon afin de voir comment celui-ci a évolué depuis 1970 et comment il risque de le faire d’ici 2050 avec le réchauffement climatique. Ils se sont concentrés sur l’Allemagne, la République tchèque et la Slovénie qui représentent près de 90% de la production de houblon en Europe.
À maturation 20 jours plus tôt
En comparant les périodes 1970-1994 et 1995 à 2018, ils ont constaté que la maturation du houblon arrivait à terme environ 20 jours plus tôt durant la deuxième période, que les rendements avaient baissé de 200 kilos par hectare et que la teneur en acides alpha avait diminué de 0,6%.
En se projetant dans le futur, en prenant une hausse des températures de 1,4 °C et une baisse des précipitations de 24 mm, les scientifiques estiment que le rendement de houblon va connaître une baisse entre 4 et 18% et la teneur en alpha sera entre 20 et 31% moindre d’ici 2050. Moins de houblon entraînerait une bière plus chère, moins d’alpha une bière moins savoureuse.
Évidemment, plus on est au nord, moins on est affecté. C’est ainsi que les chercheurs ont estimé que les plus grandes baisses de productivité parmi les gros cultivateurs de houblon auraient lieu au Portugal, en Slovénie et en Croatie.
S’adapter en urgence
En conclusion, les chercheurs appellent à prendre «des mesures d’adaptation urgentes pour stabiliser les chaînes de marché internationales». Certains producteurs de houblon ont déplacé leurs récoltes plus haut, les ont installées dans des vallées plus arrosées et ont modifié l’espacement des rangées de cultures, comme le rappelle le «Guardian».
«Les producteurs de houblon devront faire un effort supplémentaire pour s’assurer qu’ils obtiendront la même qualité qu’aujourd’hui, ce qui signifiera probablement un besoin d’investissements plus importants simplement pour maintenir le niveau actuel du produit», selon Miroslav Trnka, scientifique à l’Institut de recherche sur le changement global de l’Académie tchèque des sciences et coauteur de l’étude publiée dans la revue «Nature Communication» .
Mais pour l’instant, les coûts élevés de l’énergie depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont joué un rôle plus important que le prix du houblon pour les brasseurs. «Le houblon contenu dans une bière ne coûte pas autant que le bouchon situé au sommet de la bouteille», explique l’un d’eux.