ÉvolutionL’explosion de Tchernobyl a favorisé les grenouilles noires
La radioactivité a déclenché un phénomène de sélection naturelle chez ces batraciens, ceux ayant une pigmentation plus foncée résistant mieux.
- par
- Michel Pralong
En 1986, l’explosion d’un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, allait contaminer durablement la région alentour. Les humains ont fui, mais les abords de la centrale sont devenus un lieu sauvage, une grande réserve naturelle dans laquelle les espèces abondent, malgré les radiations.
En 2016, des scientifiques ont repéré près du réacteur plusieurs rainettes orientales (Hyla orientalis) ayant une teinte noire inhabituelle. Elles sont en effet généralement vert vif, même si de plus foncées existent. Durant trois ans, les scientifiques ont étudié plus de 200 grenouilles mâles venant de 12 étangs, chacun à des distances différentes de la centrale et dont quatre sont même situés hors de la zone d’exclusion.
Les résultats de cette recherche montrent que les grenouilles les plus foncées, voire totalement noires, se trouvent près des lieux les plus contaminés. Les radiations auraient-elles provoqué des mutations? En fait non. L’explication proposée par les auteurs, et reprise dans ZME Science, est qu’au moment de la catastrophe, les grenouilles noires existantes auraient mieux résisté, la mélanine, pigment rendant la peau noire, les protégeant des rayonnements ionisants. Il y en a donc plus qui auraient survécu, qui se sont reproduites, transmettant ainsi leur couleur à leur descendance. Et en un peu plus de dix générations, elles sont devenues l’espèce dominante dans ces régions.
Cela ouvre des perspectives quant à de futures applications de la mélanine dans le domaine du nucléaire ou des déchets radioactifs.