Femmes et travailLes Suissesses travaillent plus souvent à temps partiel que les étrangères
Selon la dernière statistique de la Confédération, les étrangères travaillant en Suisse font moins souvent de temps partiel que les Suissesses. Les explications sont sujet à controverse.
Les études consacrées au thème «femmes et travail» peuvent susciter de vives réactions. Deux scientifiques alémaniques en ont fait l’expérience récemment. Avec leur étude «Leaky Pipeline», les professeures en sociologie Katja Rost et Margit Osterloh voulaient découvrir pourquoi les étudiantes suivent rarement une carrière académique. Leur conclusion: cela n’était pas dû aux structures universitaires, mais plutôt à une conception traditionnelle du rôle des femmes elles-mêmes. Ce qui a suscité de vives critiques, voire des réactions agressives lors d’une discussion organisée à l'Université de Zurich avec les deux auteures de l’étude.
La «SonntagsZeitung» du jour a voulu en savoir plus, et s’est notamment penchée sur la dernière enquête sur la population active, publiée fin août par l'Office fédéral de la statistique (OFS). Elle montre que, parmi les 25 nationalités les plus représentées en Suisse, seules les Sri-Lankaises (79%), les Erythréennes (70,5%) et les Kosovares (66,3% ) travaillent plus souvent à temps partiel que les Suissesses (65,2%). Et si l’on ne considère que les pays pour lesquels des données ont pu être collectées en grande quantité, la Suisse est même en queue de peloton: les Italiennes (52,7%), les Autrichiennes (51,2%), les Allemandes (49,4%), les Espagnoles (47,8%), les Portugaises (45,4%), les Françaises (40,6%) et les Britanniques (40,5%) travaillent moins souvent à temps partiel que les femmes suisses (65,2%).
Les raisons invoquées pour expliquer le travail à temps partiel des femmes suisses – difficulté de concilier vie professionnelle et vie familiale, frais de garde des enfants élevés, horaires de travail peu favorables à la famille – concernent tout autant les femmes des 24 nations étrangères. Néanmoins, celles-ci travaillent plus souvent à plein temps, montrent les statistiques de l’OFS.
«Une problématique typique de la classe moyenne»
La conseillère nationale bernoise Vert’libérale et co-présidente de l’organisation féminine Alliance F, Kathrin Bertschy, estime dans la «SonntagsZeitung» que l’analyse des données de l’Office fédéral de la statistique (OFS) est trop rudimentaire pour pouvoir en tirer des conclusions. Car il y manque l’âge, le revenu et la situation familiale des femmes. Elle suppose notamment que le fait d’être mère est décisif pour la plupart des femmes et qu’ensuite l’effet dit de seuil se ferait sentir, en particulier chez les Suissesses.
Soit «le point de basculement où les familles perdent la réduction des primes maladies et les subventions pour les crèches» parce que leur revenu est trop important. Elle y voit une «problématique typique de la classe moyenne», les tarifs des crèches en Suisse dépendant du revenu. Quant aux familles à faible revenu, le travail des femmes représente non seulement une nécessité économique pour elles, mais il est aussi plutôt rentable, grâce aux réductions de primes et aux subventions pour les crèches, selon la Vert’libérale.
Les enfants relèvent encore du domaine privé
Une étude de l’institut de sondage Sotomo du politologue Michael Hermann, publiée en février dernier, a montré à quel point l’opinion que les enfants relèvent du domaine privé est tenace. La majorité des personnes interrogées ont ainsi indiqué que le taux d’activité idéal pour les mères – indépendamment de l’âge des enfants – était de 50%. Selon Michael Hermann, cité dans la «SonntagsZeitung», «cela signifie que la population suisse est encore aujourd’hui d’avis que les mères ne devraient avoir à long terme qu’un seul pied dans la vie professionnelle».
Ne ratez plus aucune info
Pour rester informé(e) sur vos thématiques préférées et ne rien manquer de l’actualité, inscrivez-vous à notre newsletter et recevez chaque jour, directement dans votre boite mail, l’essentiel des infos de la journée.