«The Batman»: mystères et noirceur pour le meilleur

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Cinéma«The Batman»: mystères et noirceur pour le meilleur

Ce premier film avec Robert Pattinson dans le costume du justicier est une réussite. Voici ce qu’on a aimé et moins aimé, avant sa sortie en salle mercredi.

Laurent Flückiger
par
Laurent Flückiger

© 2022 Warner Bros. Ent.

Je vole la nuit. On me trouve parfois dans des grottes. On m’associe souvent aux vampires. Qui suis-je? «The Batman», avec Robert Pattinson dans le rôle-titre. Après Ben Affleck, il est le septième acteur à mettre le masque de chauve-souris au cinéma. Avec lui et Matt Reeves à la réalisation («Cloverfield», les deux derniers épisodes du reboot de «La planète des singes») commence peut-être une nouvelle ère qu’on n’avait pas vu venir à l’annonce de l’acteur de «Twilight» au casting. Car ce «Batman», qui parvient à être encore plus sombre que ceux de Christopher Nolan, prouve que, quand l’univers cinématographique DC ne cherche pas à faire du Marvel, les fans ont tout à y gagner. 

À Gotham City, Bruce Wayne est seul. Il ne gère plus les affaires de l’entreprise familiale et, quand il endosse le costume de Batman, la police lui reproche de mettre son nez dans ses affaires. C’est alors que plusieurs personnalités corrompues de la ville sont visées. Une piste d’indices cryptiques envoie le justicier solitaire sur une enquête dans la pègre, où il rencontre des personnages tels que Catwoman, le Pingouin, Carmine Falcone et l’Homme-Mystère.

ON A AIMÉ

Robert Pattinson. Porter le costume de Batman, quel que soit le jeu de l’acteur, peut facilement être un fardeau. Même sans être torpillé d’avance par des tétons apparents, comme y avait eu droit George Clooney. Pas pour celui qui a été révélé dans la saga «Twilight». Le masque lui va bien, il se meut plus ou moins bien avec cet attirail encombrant, enfin, on a aimé sa voix – et ce n’est pas anodin. Si Robert Pattinson a tenté d’abord le chuchotement, il est revenu à un timbre bas et non forcé. Son personnage de Bruce Wayne est aussi une réussite. Ici, pas de milliardaire en smoking mais un trentenaire aux cheveux dans les yeux qui n’en impose pas, lugubre même.

Le détective. Quand Bob Kane crée Batman à la fin des années 30, il veut un personnage qui doit avoir, outre sa force, les qualités de Sherlock Holmes. Le scénariste Bill Finger fait du superhéros un détective scientifique. Dans «The Batman», le justicier résout les énigmes de l’Homme-Mystère, suit des indices, il mène une enquête avec le lieutenant James Gordon (l’excellent Jeffrey Wright, Bernard dans la série «Westworld»). Le scénario n’en est que plus intéressant.

L’atmosphère. Sortez les parapluies! À Gotham City, il pleut tout le temps. La nuit, quand se passe l’essentiel de la trame, dans une ville encombrée et poisseuse, cela fait un bel ensemble. Au début du film, le soir de Halloween, Batman se bat dans une station de métro en partie inondée contre des loubards dont le maquillage de clown coule. On aime. Et on aime surtout ce bruit de gouttes qui tombent sur le masque de chauve-souris. Il y a cette sensation de matière qui est tout l’opposé de ce que dégage un superhéros en images de synthèse. La nuit apporte aussi une ambiance inédite, comme dans cette scène où le club du Pingouin (Colin Farrell) est totalement plongé dans le noir: les seules fois où l’on aperçoit Batman, c’est à la lumière du feu des mitraillettes qu’il dégage du poing.

La Batmobile. Oubliez la Batmobile aux allures de tank de «The Dark Knight Rises», celle de 2022 a des allures de Dodge Charger. Une voiture musclée que Bruce Wayne bricolerait sans cesse dans son garage. D’ailleurs, c’est le style de sa Batcave où le véhicule est parqué sur un pont élévateur, au milieu d’outils, d’écrans et de gadgets. On ne la voit qu’une fois en entier – et encore, dans la nuit. Une course-poursuite entre Batman et le Pingouin est filmée uniquement en gros plans sur les visages et les roues de leurs véhicules. C’est un peu flou, mais le vertige est total!

ON N’A PAS AIMÉ

Batman ne sait pas bien se battre. Prendre des coups et afficher les cicatrices et les bleus de son dos nu pour montrer qu’on est humain, c’est bien. Mais ce Batman-ci prend trop de dérouillées. Pas d’un supervilain comme Bane mais de petits criminels armés de barres de fer. Il évite d’ailleurs moins bien celles-ci que les balles. Allez! Il incarne «La vengeance», comme il le dit. Il faut sortir les muscles! Et ça ne s’arrange pas quand il fait du wingsuit: au moment d’atterrir avec son parachute, il s’écrase lamentablement. Un chiroptère, tu parles!

La relation Batman-Catwoman. S’il n’est pas inintéressant d’avoir le fameux personnage féminin dans le film, les scènes où Batman et Catwoman (Zoë Kravitz) se retrouvent seuls ne sont pas une réussite. Dès leur première rencontre, le réalisateur nous fait comprendre de manière tout sauf subtile que leurs lèvres risquent bien de se toucher à un moment ou à un autre. Sur un plan, il sort même les violons. Non, merci! L’un des trailers sortis dernièrement résume d’ailleurs le long-métrage à ça: Batman et Catwoman très proches du début à la fin. Heureusement, ça n’est qu’une petite facette de «The Batman». Et sans le dernier quart d’heure décevant, voilà une heureuse et surprenante réussite.

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