Le calvaire des passagers de l’avion qui a pris feu à Tokyo

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Collision à l’aéroport de Tokyo-Haneda«S’il vous plaît, laissez-nous sortir! S’il vous plaît, ouvrez!»

Le vol JAL516 transportait 367 passagers et 12 membres d’équipage. Si tous ont pu évacuer avant que l’appareil ne s’embrase complètement, ils sont passés par un véritable enfer. 

«Un miracle» après le cauchemar: les passagers du vol JAL516 qui ont réchappé mardi de la collision de leur avion avec un autre appareil à l’aéroport de Tokyo-Haneda n’en reviennent toujours pas d’avoir pu évacuer leur Airbus, détruit par les flammes.

Au moment du choc, quand la fumée et une chaleur suffocante a rapidement envahi le fuselage, des passagers paniqués ont réclamé l’ouverture des portes tandis que des bébés hurlaient, selon la vidéo d’un passager à bord diffusée par des médias nippons. On y entend un enfant supplier: «S’il vous plaît, laissez-nous sortir! S’il vous plaît, ouvrez! Juste, ouvrez!» Les membres d’équipage ont cependant maintenu la discipline dans les rangs: «Coopérez, s’il vous plaît!» «Ne sortez pas vos bagages des casiers, s’il vous plaît!»

«L’odeur de la fumée était dans l’air et les portes n’ouvraient pas. Donc je pense que tout le monde a paniqué», a expliqué une passagère à la chaîne de télévision japonaise TBS et d’autres médias locaux à l’aéroport. «Il faisait chaud à l’intérieur de l’avion et j’ai pensé sincèrement que je ne survivrais pas», a confié une autre rescapée à la chaîne NHK. «Je me suis sentie vraiment reconnaissante quand on a pu sortir.» «C’est un miracle que nous ayons survécu», a aussi déclaré un passager de 28 ans, cité par le quotidien Nikkei.

Respect des instructions

Le vol JAL516, un Airbus A350-900 en provenance de l’aéroport de Shin-Chitose près de Sapporo (nord du Japon), transportait 367 passagers et 12 membres d’équipage. Tous ont pu évacuer à l’aide de toboggans gonflables avant que l’appareil ne s’embrase complètement. Quatorze personnes qui étaient à bord ont été légèrement blessées, selon les pompiers. Selon Japan Airlines, tout le monde a pu évacuer l’avion à 18h05 (10h05 en Suisse), soit un peu plus d’un quart d’heure après la collision avec l’autre appareil, un avion plus petit des garde-côtes japonais, dont cinq des six occupants sont en revanche décédés.

Terence Fan, un expert en aviation de l’Université de management de Singapour (SMU) interrogé mercredi par l’AFP, s’est dit «quelque peu surpris» par l’évacuation totalement réussie du vol, «étant donné que certaines portes (de l’avion) ne pouvaient pas être utilisées» à cause des flammes qui progressaient de l’arrière. «Cela a été possible parce que les passagers semblent avoir suivi les instructions de manière exemplaire, ce qui leur a permis à tous, ainsi qu’à l’équipage, de sortir de l’avion en peu de temps, avant que l’avion ne soit entièrement englouti par les flammes», a-t-il ajouté.

«90 secondes»

«Les compagnies aériennes doivent être capables d’évacuer tous les occupants d’un avion en 90 secondes», selon des règles fixées par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), a souligné mercredi à l’AFP Doug Drury, un autre expert en aviation de l’Université de Central Queensland en Australie. Les fabricants doivent concevoir leurs avions de façon à pouvoir théoriquement tenir ce délai et le personnel de cabine s’entraîne régulièrement dans ce but via des simulations, précise l’expert, qui a jugé «irréprochable» la procédure d’évacuation du JAL516.

«D’après les vidéos diffusées, il semble que l’équipage de l’avion JAL ait mis un certain temps à décider quelles sorties devaient être utilisées, ce qui aurait empiété sur les 90 secondes», a expliqué Terence Fan. «Les pilotes ont probablement eu besoin d’entendre les responsables du personnel de cabine pour prendre une décision. Heureusement, la nature de l’accident a permis à la structure de l’avion de rester intacte suffisamment longtemps pour que tout le monde puisse s’en échapper», a encore jugé cet expert.

Les causes de la collision sont encore inexpliquées pour le moment, mais une «erreur humaine» y a probablement contribué, pensent ces deux experts en aviation interrogés par l’AFP.

(AFP)

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