Football«Prise en otage», elle sera privée de Coupe du monde
Smilla Vallotto avait été convoquée par la coach suisse Inka Grings pour les camps de préparation, mais son club norvégien de Stabaek ne l’a pas laissée partir.
- par
- Christian Maillard
Comment ne pas s’indigner, en effet? Smilla Vallotto, qui avait des rêves plein la tête, a peut-être dû tirer un trait sur ses ambitions de disputer la prochaine Coupe du monde féminine cet été en Nouvelle-Zélande alors qu’elle avait de grandes chances de s’envoler avec l’équipe nationale début juillet. La Genevoise de 18 ans était en effet dans les bons papiers d’Inka Grings, la sélectionneuse des Suissesses, qui se réjouissait de voir à l’œuvre cette fille «créative offensivement, insolente et flexible sur sa position» lors des derniers stages de préparation.
Mais voilà, les dirigeants de Stabaek, son club en Norvège, en ont décidé autrement. Les dates de ces camps ne leur convenaient pas car leur équipe avait encore deux matches au programme et ils comptaient visiblement sur leur attaquante helvétique…
S’en est suivi un échange de mails entre Inka Grings, la Fédération suisse et le club viking qui a duré une dizaine de jours. Morceaux choisis. «Nous sommes conscients que votre saison est toujours en cours et nous savons que Smilla est importante pour vous, a écrit la coach allemande de l’équipe de Suisse. Mais nous aimerions lui donner la chance de disputer la Coupe du monde.»
Réponse de Kim Andre Pedersen, directeur sportif de Stabaek: «Smilla sera disponible pour vous à partir du 2 juillet, pas avant. Si vous considérez que Smilla fait partie du groupe pour la Coupe du monde, vous pouvez venir la voir jouer lors de nos deux derniers matches.»
Les deux parties ont bien essayé de trouver une solution intermédiaire, où Smilla aurait pu participer deux jours au lieu de trois lors de la première semaine (du 13 au 16 juin) et la totalité du camp du 19 au 23 juin mais avec l’interdiction de jouer un match. Mais cela ne pouvait pas satisfaire la sélectionneuse.
Au final, Inka Grings a tranché, la mort dans l’âme: «Nous respectons votre décision de ne pas libérer Smilla avant le 2 juillet bien que nous ayons la sortie officielle de la FIFA le 23 juin. C’est une jeune joueuse que nous aurions aimé voir à l’entraînement avec l’équipe nationale pour lui donner la possibilité de se montrer et comme ce ne sera pas le cas, nous donnerons donc la chance à une autre joueuse.» C’est donc Ima Beney qui a été appelée à sa place.
Père de la joueuse, Emmanuel Vallotto est aussi déçu que sa fille, forcément. «Je comprends la décision de la Fédération suisse de ne pas faire venir une joueuse si elle ne peut pas la voir jouer. Maintenant, comment un club peut se permettre de couper les ailes à une jeune joueuse qui travaille depuis son adolescence pour disputer une Coupe du monde? Je ne trouve pas normal de la prendre en otage pour un problème d’ego, cela n’a pas de sens. Il ne restait que deux matches de championnat à jouer, sans enjeu, alors que l’équipe est en milieu de classement, c’est du jamais-vu et c’est moche.»
Smilla Vallotto a-t-elle été punie pour n’avoir pas souhaité renouveler son contrat qui se termine en décembre? Possible. «Ou comme elle bénéficie de la double nationalité suisse et norvégienne, on essaie de la retenir pour qu’elle porte le maillot de son pays», se demande son père.
Selon toute vraisemblance, l’internationale M17 et M19 devrait rebondir ailleurs, en Allemagne ou en Espagne où elle a déjà reçu des offres, ou ailleurs. Mais certainement pas poursuivre dans ce club qui lui a brisé son rêve…