Inondations en Allemagne - La justice enquête sur la gestion des alertes

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Inondations en AllemagneLa justice enquête sur la gestion des alertes

La justice allemande se saisit des soupçons de défaillances dans la gestion du système d’alerte et des évacuations de riverains, en vue de lancer d’éventuelles poursuites pénales.

Le district d’Ahrweiler n’aurait pas réagi immédiatement aux mises en garde de l’Agence régionale pour l’environnement.

La justice allemande a annoncé lundi se saisir des soupçons de défaillances dans la gestion du système d’alerte et des évacuations de riverains victimes des crues meurtrières dans l’ouest de l’Allemagne mi-juillet, en vue de lancer d’éventuelles poursuites pénales. Le parquet de Coblence «examine l’ouverture d’une enquête préliminaire sur la base de soupçons d’homicides et de blessures involontaires», selon un communiqué de ce parquet compétent pour la région de Rhénanie-Palatinat, la plus touchée par les inondations.

Les procureurs vont examiner l’opportunité de lancer des poursuites en lien «avec des avertissements ou évacuations éventuellement négligés ou retardés» des habitants de la vallée de l’Ahr, une région dont les communes ont été ravagées par les crues. Sur la base de cet audit qui comprendra «les nombreux articles de presse, les conclusions des enquêtes en cours sur les décès ainsi que les rapports de police de la nuit de la catastrophe», le parquet déterminera «si elles donnent lieu à un premier soupçon d’infractions pénales».

Une polémique a suivi la catastrophe des 14-15 juillet, relative à l’anticipation des événements météorologiques par les autorités, au fonctionnement du système d’alerte et aux mesures d’évacuation. Ces inondations ont fait au moins 186 morts en Allemagne, dont 138 dans la seule région de Rhénanie-Palatinat où vingt-six personnes sont encore recherchées, selon un nouveau bilan communiqué lundi. Les crues ont également touché la Belgique où 38 personnes sont décédées. Dans ce pays aussi, un juge d’instruction enquête sur d’éventuelles responsabilités pénales, en lien avec un défaut de précaution et d’alerte.

Pas réagi immédiatement

Dans son édition du week-end, le journal «Frankfurter Allgemeine Zeitung» a affirmé que le district d’Ahrweiler, à l’ouest de Bonn, n’avait pas réagi immédiatement aux mises en garde de l’Agence régionale pour l’environnement. Selon le journal, cette instance avait, dans l’après-midi du 14 juillet, informé les autorités locales d’un risque de crue importante, aggravant encore leur prévision en début de soirée. Le district a déclaré l’état de catastrophe vers 23 heures, ordonnant une évacuation partielle, alors que les eaux étaient déjà montées dans les villages et habitations.

Les autorités du district rejettent ces allégations. «Pour le moment, personne au sein du gouvernement fédéral, de la région ou du district ne peut répondre sérieusement aux questions sur les responsabilités», a estimé ce week-end le conseiller de district Jürgen Pföhler. Jugeant nécessaire d’examiner «très soigneusement» l’enchaînement des faits, il a estimé «qu’aucun des systèmes d’alerte et d’alarme existants n’était techniquement préparé pour ce tsunami sans précédent».

Interpellée sur d’éventuelles défaillances, la chancelière Angela Merkel avait observé que la catastrophe «dépassait l’imagination», et défendu le système d’alerte, organisé de façon décentralisée. L’Allemagne veut néanmoins tirer les leçons du drame et étudie plusieurs pistes d’amélioration de son système d’alerte-catastrophe, dont la mise en place de notifications cellulaires via téléphone portable.

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