Hockey – CommentaireProtège-cou: la National League comme une vache dans le pré
En imposant le port de cette protection à ses joueurs, Genève-Servette a fait le travail que les dirigeants de la Ligue n’ont pas fait.
- par
- Emmanuel Favre
Il est logique d’applaudir la sage décision de la direction du Genève-Servette HC, première équipe de National League à imposer, dès ce lundi 4 mars, le port du protège-cou à ses joueurs lors des entraînements et des matches.
Mais il est également anormal de devoir le faire.
Il est anormal que, en 2024, cette décision émane de l’un des 14 clubs de la première division helvétique. De l’une des 24 équipes considérées comme professionnelles dans notre pays.
Il est anormal que les instances de la National League dorment au gaz alors que la planète hockey est secouée par des accidents de jeu aux conséquences dramatiques ou potentiellement dramatiques suite à des contacts entre une lame de patin et une tête.
Un mort, des scènes effrayantes
Rien que depuis le début de la saison 2023-2024, il y a notamment eu un mort en Angleterre.
Une séquence effrayante lors du dernier derby lémanique entre Lausanne et Genève-Servette.
Un geste irresponsable d’un joueur de Rapperswil sur un adversaire lausannois.
Et quelques autres incidents dans des ligues européennes et nord-américaines.
Diriger, c’est prendre des décisions, quitte à bousculer les conventions dans un sport aussi conservateur que l’est le hockey sur glace.
Les dirigeants de la National League ont été bien moins responsables que ceux de la Fédération qui ont imposé le port du protège-cou aux membres de toutes ses sélections masculines et féminines.
Ils ont pris la posture de la vache dans le pré: ils ont regardé passer le train en se disant qu’il fallait respecter les libertés individuelles.
L’histoire en faveur du changement
Les péripéties de ce sport balaie l’argument.
Un temps, les joueurs étaient réfractaires au port du casque. Aujourd’hui, tous trouveraient absurde de patiner cheveux au vent.
Un temps aussi, les hockeyeurs avaient rechigné à arborer une visière. Aujourd’hui, ils refuseraient probablement de sauter sur la glace sans cette protection.
L’histoire retiendra que Genève-Servette, parce que l’un de ses joueurs a miraculeusement évité un drame, a fait le job que la National League n’a pas fait.
Et ce même si la NL remarquera qu’une sous-commission a prévu de se réunir en pré-séance dans un avenir rapproché pour éventuellement aborder le sujet du protège-cou avant le prochain passage du Père Noël.