Hockey sur glace«Quand je jouais mal, j’avais l’impression que ma vie ne valait rien»
Dépression, crises de panique, jours sombres, humeur noire… Dans un article du Tages Anzeiger, le hockeyeur Perttu Lindgren, champion suisse avec Davos en 2015, a raconté ses tourments. Un récit qui contraste avec l’image du hockeyeur, si fort, si dur.
Perttu Lindgren, attaquant, 34 ans le 26 août prochain, 1,84 m, 85 kg, champion suisse avec Davos au printemps 2015, élu meilleur joueur de National League en 2016… Il faut se méfier des fiches et des palmarès, qui disent beaucoup d’un joueur sans ne rien dire de l’homme. Dans un article du Tages Anzeiger, signé Kristian Kapp, Perttu Lindgren a raconté le mal-être qui le tenaille depuis des années: «Un jour, je me suis dit qu’il serait plus simple de ne plus être là.»
«Quand je jouais mal, confie Perttu Lindgren, j’avais l’impression que ma vie ne valait rien.» Souffrant d’une dépression larvée depuis des années, nourrie par les inévitables péripéties d’une carrière professionnelle (transferts plus ou moins consentis, lutte contre la relégation, démêlés avec l’entraîneur), Perttu Lindgren a vu son état s’aggraver au mois de janvier dernier, lorsqu’au quatrième match qu’il disputait avec le HC Bienne, il a été victime d’une sévère commotion cérébrale. «C’est là qu’ont commencé les jours les plus sombres», écrit Kristian Kapp. Lindgren est foudroyé par plusieurs attaques de panique, où – dit-il - il lui semble qu’on tente de lui voler l’air qu’il respire.
Un diagnostic de dépression sévère
Parvenu au stade ultime du malaise, Perttu Lindgren, marié, père de quatre enfants, s’est enfin décidé à chercher de l’aide. Une démarche qui n’avait rien de naturel pour ce Finlandais né à Tampere: «On grandit comme ça en Finlande, tout garder à l’intérieur de soi, ne pas en parler.» A Bienne, il n’avait rien dit de ses tourments, ni à ses coéquipiers, ni à l’entraîneur Antti Törmänen, qui se battait contre le cancer. Même ses anciens coéquipiers du HC Davos, avec lesquels il a joué durant plusieurs saisons, ne s’étaient rendus compte de rien…
Perttu Lindgren a contacté un de ses anciens collègues, Tommi Kovanen, avec qui il avait joué à Rauma, en Finlande. Kovanen avait fait une tentative de suicide et avait ensuite écrit un livre pour témoigner de ses souffrances. Puis, Lindgren a cherché de l’aide auprès d’un thérapeute bien connu des sportifs d’élite finlandais, Tuomas Grönman, qu’il avait déjà consulté en 2013, quand il s’emmêlait dans les fuseaux horaires de la KHL. Le psychothérapeute a pu mettre un diagnostic sur cette humeur: dépression. Une dépression sévère.
Aujourd’hui, Perttu Lindgren ne s’est pas débarrassé de toutes les séquelles de sa commotion, il souffre de troubles oculaires et, sur le plan professionnel, il est sans contrat pour la saison à venir, mais il souhaite témoigner, pour que les sportifs s’ouvrent à la confidence, pour qu’ils cessent de souffrir en silence. «Parlez, si vous avez des problèmes! Autorisez-vous de l’aide!» lance-t-il, comme un appel.