Hockey sur glaceDe Chris McSorley à Luca Gianinazzi, Lugano a fait le grand écart
Comme Ambri avant lui avec un autre Luca (Cereda), le HC Lugano a choisi un coach tessinois issu de ses propres rangs. Voici Luca Gianinazzi, un Tessinois de 29 ans propulsé sur le devant de la scène du jour au lendemain. Les Bianconeri reçoivent FR Gottéron ce vendredi.
- par
- Cyrill Pasche
Luca Gianinazzi? Voici donc l’homme qui est censé sortir le HC Lugano du bas de classement (12e). Du haut de ses 29 ans, le successeur de Chris McSorley est bien plus jeune que les cadres de son équipe. L’écart entre l’expérimenté et charismatique McSorley (60 ans) et le «rookie» Gianinazzi, entraîneur des M20 luganais, ne pouvait être plus spectaculaire. Ou quand le HC Lugano décide de faire le grand écart.
Comme Ambri avec Luca Cereda par le passé, le HC Lugano a misé sur un gars du terroir, un entraîneur issu de ses propres rangs, pour aller de l’avant. «Luca (Gianinazzi) a l’ADN bianconero», a déclaré la présidente, Vicky Mantegazza.
Cereda, Gianinazzi: la comparaison est aussi tentante que naturelle. A la différence près que Luca Cereda avait déjà une d’expérience de coach des juniors M20 et d’assistant de la première équipe d’Ambri, d’entraîneur en deuxième division (une saison avec les Ticino Rockets) et un passé de joueur international lorsqu’il fut nommé coach principal du club léventin.
Gianinazzi, un ancien défenseur notamment passé par Forward Morges en première ligue (2014-2015), n’a que quatre matches avec les pros du HCL et trois saisons sur le banc des M20 à faire valoir. «Oui, ce sont deux coaches qu’on peut sans autre comparer, si ce n’est que Cereda a désormais fait ses preuves depuis plusieurs saisons dans l’élite, note Sébastien Reuille, le GM des Ticino Rockets et ancien glorieux du HC Lugano (12 saisons). Ils ont une approche similaire. Ce sont deux gars très réfléchis, qui anticipent beaucoup et sentent très bien les choses.»
Tenir tête aux stars à 29 ans
L’ADN est-il suffisant pour avoir du succès à Lugano, où un coach ne dure généralement pas plus de deux saisons? Et surtout, un entraîneur aussi jeune, qui avait jusqu’ici affaire à des juniors (les M20 luganais), saura-t-il s’imposer face aux meneurs de la fronde (le capitaine Mark Arcobello notamment) qui a visé, touché et définitivement coulé Chris McSorley il y a quelques jours?
Luca Gianinazzi n’est-il pas condamné à devenir la «marionnette» des cadres du HC Lugano? Le Tessinois de 29 ans n’est pas un entraîneur intérimaire et le HCL compte bien miser sur lui à l’avenir, à en croire les dirigeants. «Ce sera mon dernier entraîneur», a juré le GM Hnat Domenichelli, qui pourrait donc perdre sa place si l’expérience Gianinazzi ne fonctionnait pas aussi bien que prévu, ou si le «Totomat», très influent au sud du Tessin, venait soudainement à s’emballer de manière négative.
Vendredi contre FR Gottéron, Luca Gianinazzi visera d’ailleurs une première victoire à la tête du HC Lugano (12e, 9 matches et 9 points). Sa première sortie, samedi passé contre Davos, s’était soldée par une défaite 2-3 à domicile, le tout après avoir mené 2-0 en début de match. Pour lui, l’enjeu est assurément très élevé.
Son passé peu étoffé de joueur et d’entraîneur sera-t-il un handicap lorsqu’il sera question de s’imposer face à un vestiaire de pros? Sébastien Reuille connaît très bien Luca Gianinazzi. Le Vaudois estime qu’il saura s’imposer malgré sa jeunesse et son inexpérience au niveau professionnel. «Bien sûr que sa jeunesse peut être à double tranchant, mais il faut bien commencer un jour. Luca est quelqu’un de très intelligent, qui observe beaucoup. Il est très réfléchi, et c’est un immense bosseur. Si on le laisse travailler et appliquer ses idées, il va réussir. Il doit gagner le vestiaire. Si les joueurs retrouvent leur joie de jouer et sentent à l’aise sur la glace, ils vont être derrière lui. Mais il sait aussi être dur.»
L’un de ses premiers ajustements tactiques a d’ailleurs été de repositionner Mark Arcobello, qui boudait à l’ère McSorley, sur sa position de prédilection en powerplay. «Luca est très ouvert à la communication, et c’est quelque chose que les joueurs d’aujourd’hui apprécient énormément», souligne Reuille.
6e Suisse en NL, 5e Tessinois à Lugano
«Sa jeunesse et le fait qu’il n’a pas eu de carrière pro seront un avantage dans le sens où il n’a joué avec aucun des joueurs qu’il va désormais diriger, il n’a pas d’accointance particulière, ajoute Sébastien Reuille. Il est de la maison (luganaise), mais c’est un peu comme s’il venait de l’extérieur. Il peut apporter de la fraîcheur.»
Si Gianinazzi parvient à s’imposer, l’histoire serait particulièrement belle: un entraîneur de jeunes promu du jour au lendemain à la tête d’un des clubs les plus marquants de l’histoire du hockey suisse (sept titres de champion). «Je n’aurais jamais imaginé atteindre cet objectif aussi vite», a expliqué le nouveau coach des Bianconeri au journal Corriere del Ticino le jour de sa nomination.
Pour Reuille, la désignation de Gianinazzi a simplement été anticipée de quelques années. «Je n’ai pas été surpris par sa nomination. Il entrait de toute façon en ligne de compte pour un jour faire partie des candidats pour le poste d’entraîneur. C’est arrivé plus vite que prévu. C’est une nouvelle ère pour Lugano, qui tente quelque chose de différent cette fois-ci, avec un jeune entraîneur de la région.»