Football: Allan Eleouet, dernier appel pour l’étranger

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FootballAllan Eleouet, dernier appel pour l’étranger

L’imprévisible ailier quitte tout, Yverdon Sport et son chez-soi, pour la Bosnie. Le changement d’air était devenu nécessaire.

Florian Vaney
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Florian Vaney
Allan Eleouet avait l’impression de s’enterrer en Challenge League.

Allan Eleouet avait l’impression de s’enterrer en Challenge League.

Marc Schumacher/freshfocus

Ça s’appelle la grande aventure. Samedi, Allan Eleouet s’entraînait une dernière fois avec Yverdon Sport, son club de presque toujours, celui de la ville où il est arrivé à ses 12 ans.

Dimanche, un avion l’emmenait en Bosnie, pays dont il ne connaît quasi rien où sa nouvelle vie est censée s’installer, au regard du contrat qu’il vient de signer avec le FK Tuzla City (3 ans).

Sauf que lundi, son club prenait ses quartiers pour trois semaines en Slovénie. Un camp d’entraînement des plus sérieux l’attend, et une partie du chemin en direction de Saint-Marin est déjà parcourue, puisque c’est là-bas que les Bosniens sont attendus pour le premier tour de qualifications de la Conference League début juillet.

Ça fait beaucoup d’informations, de rebondissements, de kilomètres et d’émotions. Beaucoup de tout. Exactement ce dont avait besoin l’ailier.

D’ailleurs, il le dit et ça s’entend, Allan Eleouet est fatigué. Un sentiment qui lui était devenu presque étranger et qu’il semble rapprivoiser avec bonheur. Sa dernière saison loin des attentes avec Yverdon est en cause.

Cette impression de s’enterrer en Suisse, de vivre dans un confort d’apparence, aussi. «Je m’étais pourtant donné l’objectif de tout casser avec YS pour notre retour en Challenge League.» Le changement de direction du club l’a pris à contre-pied. Un comble pour un dribbleur de sa qualité.

Alors l’homme aux 140 matches avec les Verts a des mots durs. L’orientation tactique ultra-défensive voulue par Uli Forte, arrivé sur le banc après trois matches, a porté ses fruits au classement. En contrepartie, le spectacle en a pâti.

Et avec lui, les joueurs spectaculaires. «Je pense que les supporters se sont ennuyés une bonne partie de la saison. J’espérais que ça se passe autrement. J’estime avoir été un joueur important de la promotion, des deux promotions même. Je m’attendais à une certaine reconnaissance.» Le fait est que son poste a le plus souvent été supprimé, dans un 3-5-2 sans ailiers.

Le train est passé une fois

Cette offre de Bosnie qu’il a d’abord prise à la légère, Allan Eleouet a donc fini par y accorder une attention marquée d’un intérêt curieux. Dans son esprit, les pièces se sont assemblées. Un bon salaire, un club de première division, des matches européens, de la visibilité («le meilleur buteur du championnat est parti pour 1,5 million d’euros en Italie») et, surtout, l’appel d’un nouveau départ. Le dernier appel sans doute, à 27 ans.

«J’estime avoir été un joueur important de la promotion d’Yverdon, des deux promotions même. Je m’attendais à une certaine reconnaissance.»

Allan Eleouet

«En 2019, quand les portes se sont ouvertes pour moi la première fois, j’ai mal géré la situation. Avec Servette, le deal était en ordre à 90% avant que ça coince. Avec Sion, je ne m’étais pas présenté à un test à cause d’un examen d’uni. Avec Saint-Gall, on a parlé pendant un mois entier avec Peter Zeidler avant que le club décide de faire sans moi. J’ai cette impression qu’en Suisse, le train passe une fois, pas deux.» Alors l’étranger s’est mué en porte de secours.

Avec un autre Vaudois

Il restait à s’assurer de quelques détails loin d’être anecdotiques. Que l’argent promis sera dû. Que le système de jeu inclue des joueurs de couloir offensifs. Qu’on compte sur lui plus qu’YS l’a fait ces derniers mois. «J’ai obtenu des garanties, oui», assure-t-il. Au moins autant que le football et son incertitude puissent lui promettre.

La présence de Mirsad Hasanovic dans l’équipe est aussi là pour le rassurer. «On se connaît bien, même si on s’était un peu perdu de vue. J’étais dans la volée juste au-dessus de la sienne en juniors. On a pu discuter avant mon arrivée.»

Lui s’est beaucoup blessé en Bosnie. Allan Eleouet sait que s’il veut vivre la carrière que beaucoup lui prédisaient, il ne pourra se laisser freiner par les éléments. Plus maintenant.

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