RapportBerne aurait pu mieux faire au début de la crise du Covid
La Confédération et les cantons ont plutôt bien géré la première phase de la pandémie. Mais la préparation à une crise était en partie lacunaire, selon une évaluation externe publiée mardi.
La première phase de la pandémie de Covid, à savoir jusqu’à l’été 2021, a été plutôt bien gérée par la Confédération et les cantons. Ils ont fondamentalement réagi de manière adéquate à la menace. Mais il y a eu un manque de préparation à la crise et une gestion qui ont entravé parfois considérablement l’efficacité et l’efficience de l’action. Telle est la conclusion d’une évaluation externe mandatée par l’Office fédéral de la santé publique et publiée mardi.
En ce qui concerne les bons points, le rapport précise que les cantons, villes et communes, mais aussi les institutions de soins, ont consenti beaucoup d’efforts pour protéger la population et endiguer la menace. En outre, les soins de santé sont restés de qualité à tout moment et le système ne s’est pas effondré. Il n’y a pas eu non plus besoin de trier les patients, souligne le texte. De plus, les mesures ont été plutôt bien acceptées par le peuple, ajoute-t-il.
Mesures dans les EMS et les écoles critiquées
Mais tout n’a pas fonctionné et la Confédération a mal réagi sur trois points, selon le rapport. Il pointe d’abord les mesures prises au début de la pandémie pour protéger les plus vulnérables, soit les personnes âgées et les résidents des EMS. «Les mesures strictes, comme les interdictions de sortie et de visite, ont généré beaucoup de souffrance et ont parfois entraîné des effets négatifs sur leur santé», relève-t-il. Et de critiquer un manque de préparation de la part de Berne, des cantons et des établissements concernés.
Le rapport émet aussi des réserves face à la fermeture des écoles au printemps 2020. Des fermetures jugées «inadéquates», qui ont généré beaucoup de stress chez les parents et les jeunes et qui ont potentiellement entravé le parcours éducatif de nombreux élèves, précise-t-il. L’étude relève toutefois que la Suisse s’en est mieux sortie que d’autres pays puisque les fermetures ont été courtes. Enfin, l’interdiction momentanée des interventions médicales non urgentes décidée par Berne, est également critiquée.
Recommandations
Le rapport adresse du coup plusieurs recommandations en vue d’une prochaine crise. Ainsi, il conseille à l’OFSP d’être mieux préparé sur le plan organisationnel, de garantir les ressources nécessaires en personnel et de s’exercer régulièrement à la gestion de crise. En outre, l’Office doit s’assurer que les acteurs importants soient systématiquement impliqués dans les décisions et l’application des mesures. L’OFSP doit aussi mieux tenir compte des effets indirects sur la santé psychique de la population. Enfin, il doit faire progresser et régler de manière contraignante la numérisation et la gestion des données dans le système de santé.
Du côté de Berne et des cantons, ils doivent veiller eux à ce que les soins médicaux de base demeurent accessibles à tout moment, parallèlement aux soins spécifiques à la pandémie. À ce titre, les prestataires de soins ambulatoires, en particulier les médecins de famille, les services d’aide et de soins à domicile et les pharmacies, doivent être davantage impliqués, estiment les auteurs du rapport.
Certaines de ces pistes d’amélioration, comme la numérisation, ont déjà été prises en compte durant la pandémie, souligne l’étude. Les dispositifs de lutte pris en Suisse ont en outre été moins stricts que dans les pays voisins, car les aspects sociaux et économiques ont été davantage pris en compte, admet-elle.