FootballLa communauté LGBT tombe sur Jordan Henderson, transféré en Arabie saoudite
L’arrivée de l’ancien joueur de Liverpool à Al-Ettifaq déplaît fortement en Angleterre, où il était un soutien affiché à la communauté LGBT.
- par
- Brice Cheneval
Jordan Henderson faisait partie des soutiens les plus salués de la communauté LGBT en Angleterre.
AFPLiverpool tourne une page importante de son histoire. Après douze années de fidélité, Jordan Henderson quitte les Reds pour rejoindre Al-Ettifaq, entraîné par son ancien coéquipier Steven Gerrard. De par ses accomplissements au club (près de 500 apparitions et 8 trophées remportés, dont une Ligue des champions et une Premier League), l’international anglais pouvait s’en aller avec l’esprit du devoir accompli. Toutefois, son départ pour l’Arabie saoudite suscite de nombreuses critiques en Angleterre.
Dans son cas, le cœur du problème ne réside pas dans l’intérêt sportif de son choix, mais dans les valeurs morales du joueur. Jordan Henderson rejoint un pays régulièrement accusé de bafouer les droits de l’homme, alors qu’il s’était érigé en défenseur de la communauté LGBT en Angleterre.
Ces dernières années, le milieu de terrain de 33 ans a multiplié les marques de soutien public envers les minorités. «L'idée qu'ils devraient se cacher pour être acceptés? C’est exactement ce que ressentent trop de membres de la communauté LGBT+, s’était-il notamment exclamé dans une lettre relayée par le FC Liverpool en novembre 2021. Nous devons donc les écouter, les soutenir et nous efforcer d'améliorer la situation.»
Accusé d’hypocrisie
Cette louable position est désormais mise en doute. Plusieurs collectifs LGBT d’Angleterre ont fait part de leur amertume devant la décision de Henderson. «Alors Henderson, ce contrat de plusieurs millions de livres vous a détourné de votre engagement envers les droits humains?, questionne notamment Kop Outs!, un groupe de supporters de Liverpool. Nous sommes profondément déçus qu’il choisisse de travailler dans le cadre d’une opération de sportswashing, tentant de détourner l’attention d’un régime où les femmes et les personnes LGBTQIA+ sont opprimées.»
Cette incompréhension a trouvé écho auprès d’anciens joueurs. «Henderson a un gros problème à régler en raison de ses remarques précédentes en faveur de la communauté LGBTQ +, indique Jamie Carragher, autre ancienne légende des Reds, dans les colonnes du «Telegraph». On ne peut pas prêcher des valeurs d’intégration pour ensuite fermer les yeux lorsque le prix est bon et ne pas s’attendre à des critiques.»
«On ne peut pas prêcher des valeurs d’intégration pour ensuite fermer les yeux lorsque le prix est bon et ne pas s’attendre à des critiques»
Ex-international aux 52 sélections, Thomas Hitzlsperger - premier joueur allemand à avoir effectué son coming-out - s’est lui aussi montré mordant: «Jordan Henderson a finalement obtenu son transfert en Arabie saoudite. Il peut jouer là où il veut. Curieux de savoir à quoi ressemblera la nouvelle marque JH. L'ancienne est morte! J'ai cru pendant un moment que son soutien à la communauté serait sincère. Je suis bête.»
Un détail n’a d’ailleurs pas échappé aux sceptiques: dans la vidéo de présentation de sa recrue, Al-Ettifaq ne laisse à aucun moment apparaître le brassard de capitaine aux couleurs arc-en-ciel souvent arboré par Henderson à Liverpool. Habile manœuvre ou troublante coïncidence, celui-ci se retrouve noirci.
La rémunération d’Al-Ettifaq - qu’on imagine plus que confortable - épargnera-t-elle le principal intéressé d’un cas de conscience?