FootballCommentaire: Plus fort sur le terrain, Young Boys l’est aussi en dehors
Parti pour récupérer son titre de champion, le club bernois fait tout juste dans sa stratégie de communication. En Super League, tous les autres sont à la traîne. Voici pourquoi.
- par
- Nicolas Jacquier
Le championnat de Suisse reprend ses droits ce week-end, du moins pour ce qui concerne la Super League dont on s’apprête à disputer les deux dernières journées - 17e et 18e - de la première partie de l’exercice 2022-2023. Pour sa part, la Challenge League, à jour dans son calendrier, ne recommencera que dans une semaine…
Partout, on s’est préparé, nous a-t-on répété, avec la plus grande rigueur, avec les mêmes camps de préparation, les mêmes matches amicaux, les mêmes joueurs et les mêmes interrogations - comptant provisoirement 13 points d’avance sur son dauphin servettien après sa victoire contre Grasshopper samedi soir (1-2), Young Boys n’a-t-il pas déjà fait main basse sur un 16e titre de champion?
Non, ce qui diffère les uns des autres à l’heure de la reprise, c’est plutôt la façon dont les dix clubs de l’élite helvétique ont abordé ce retour sous le feu des projecteurs. Cela concerne aussi les fameux rendez-vous médiatiques et comment ceux-ci sont organisés (quand il y en a). Cela n’a peut-être l’air de rien comme ça, mais cela raconte beaucoup des relations - parfois compliquées - entre le monde du football et celui de la presse en général, notamment de la manière dont sont considérés les journalistes, ces empêcheurs de jouer en rond.
Autour d’une table
Dans ce domaine-là aussi, Young Boys n’est pas loin d’écraser la concurrence. Plus fort sur le terrain du jeu, le club bernois l’est également dans son environnement où il a souvent tout juste. Comme il le fait traditionnellement chaque début d’année, le club de la capitale devait ainsi à nouveau convier ce mardi les représentants des médias au stade du Wankdorf afin d’évoquer la reprise en deux parties bien distinctes. Au menu de la première mi-temps, servie à partir de 12h30 selon le bristol d’invitation, un repas informel avec cinq (!) joueurs bernois éparpillés autour de plusieurs tables - l’occasion de fructueux échanges pour ceux qui y ont participé. En deuxième période, plus formelle, une conférence de presse réunissant l’entraîneur Raphaël Wicky et le directeur sportif Steve von Bergen allait faire le tour des questions chaudes de la reprise.
Pas besoin de chercher ailleurs: le club bernois a tout compris dans sa stratégie de communication. Il ne s’agit nullement ici de nourrir celui ou celle qui, le moment venu, lui tombera sur le râble – ni de faire en sorte que tout ce petit monde lui mange dans la main – mais d’établir un dialogue sain et constructif entre partenaires aux intérêts plus communs que divergents.
Gérer les différents canaux de diffusion, notamment les réseaux sociaux, en fabriquant ses propres contenus (ce que font d’ailleurs tous les clubs de Super League) n’exclut pas d’alimenter les vecteurs de communication plus conventionnels, ce que les Bernois savent faire à la perfection.
Au bord de la Limmat, c’est Ancillo Canepa qui a fait front ce jeudi pour expliquer comment le FC Zurich entendait s’y prendre pour quitter la lanterne rouge dont est affublé celui qui est toujours champion en titre. Mais l’emblématique président du Letzigrund n’était pas seul: Marinko Jurendic (directeur sportif) et Bo Henriksen (entraîneur) l’entouraient au moment de lancer l’opération remontée.
Au moment où la date du désengagement de Christian Constantin se rapproche (30 juin 2024), le FC Sion avait lui aussi convié ce même jeudi la presse à Riddes pour la reprise de ses rendez-vous hebdomadaires. Pas de petits fours ni raclette dans le cas d’espèce, mais une discussion nourrie avec le nouvel occupant du banc de Tourbillon (Fabio Celestini), suivi d’un une-deux verbal avec le défenseur Joël Schmied.
Drôle de stratégie à la Praille
Après un point presse improvisé en début de semaine, Servette a remis le couvert à la veille du week-end. Si les questions qui fâchent demeurent sous le tapis de la Praille, Alain Geiger et le capitaine Jérémy Frick se sont présentés sur le podium de la bonne humeur pour un large tour d’horizon.
Son employeur ayant choisi de «communiquer» à la fin mars seulement, l’avenir du coach valaisan, arrivé en fin de contrat, reste flou. Drôle de stratégie. Surtout si ce qui se murmure - Geiger ne serait pas reconduit dans sa fonction de coach mais pourrait se voir proposer un autre rôle dans l’organigramme du club «grenat» - venait à se confirmer. Tout l’inverse de Saint-Gall, offrant une nouvelle prolongation de contrat à Peter Zeidler, désormais lié au club du Kybunpark jusqu’en… 2027!
Young Boys et Servette ont beau être réunis au sommet de l’affiche, un monde les sépare. Et ce monde-là ressemble à un gouffre. Pas seulement au niveau de la communication.