Intelligence artificielleLes Verts proposent un code éthique aux partis pour la campagne 2023
Les affiches électorales du PLR générées par intelligence artificielle (IA) ont suscité un vif débat. Les Verts proposent un code de conduite en la matière, accepté par tous les partis, UDC exceptée.
Avec sa nouvelle campagne d’affichage, le PLR a réussi un double buzz: tout en accélérant la campagne, il a déclenché la controverse autour de l’usage de l’intelligence artificielle (IA) en politique. Pour y répondre, Les Verts ont présenté en juin dernier un projet de code éthique en la matière, rapporte le «SonntagsBlick» du jour. Balthasar Glättli (ZH), président des Verts, y propose l’engagement volontaire des forces politiques à ne pas recourir à l’IA dans la campagne électorale pour tromper le public. Il stipule notamment: «En l’absence jusqu’à présent de règles sur l’utilisation des contenus générés par l’IA, nous nous engageons à atteindre l’objectif d’empêcher une tromperie délibérée du public afin de ne pas saper la confiance dans la démocratie.»
Seule l’UDC est opposée au code éthique
Tous les partis ont réagi positivement au projet des Verts, sauf l’UDC. Pour le conseiller national Franz Grüter (LU), interviewé par le «SonntagsBlick», la proposition «ne va pas dans le bon sens». De son côté, même le PLR, à l’origine du débat sur l’usage de l’IA, salue le code élaboré par les Verts, comme le dit Adrian Michel, responsable de la campagne électorale libérale-radicale: «Nous avons renvoyé le projet avec peu d’inputs restrictifs».
Agence internationale pour maîtriser les risques de l’IA
Peter G. Kirchschläger, professeur d’éthique à l'Université de Lucerne, spécialisé en intelligence artificielle, met en garde contre l’usage de l’IA en politique, dont les manipulations détruiraient l’équité dans le processus de formation de l’opinion dans les démocraties. Il propose ainsi de créer une agence internationale en la matière à l’ONU pour prévenir l’infiltration des démocraties par les fausses nouvelles et la désinformation au niveau mondial, rapporte le «SonntagsBlick».
À l’instar de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la nouvelle instance servirait à promouvoir les droits humains, la durabilité et la paix, afin que l’humanité puisse exploiter les opportunités éthiques de l’IA et maîtriser les risques. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est récemment prononcé en faveur de la création d’une telle autorité de régulation.
Balthasar Glättli note encore que «dans les réactions reçues des autres partis, il y a même un consensus sur le fait qu’un accord devrait être valable au-delà de la campagne électorale de 2023». La majorité des partis devrait donc bientôt s’imposer des règles. À plus long terme, la question se pose de savoir s’il faut en outre une réglementation étatique. Les responsables de la Confédération répondent de manière évasive, selon le «SonntagsBlick». Ils soutiennent des études sur le sujet et visent une régulation des grandes plateformes comme Facebook, YouTube ou Google. (lire encadré).
Berne devra réfléchir à une réglementation de l’usage de l’IA
À plus long terme, la question se pose de savoir s’il faut une réglementation étatique en matière d’IA en politique. Les responsables de la Confédération répondent de manière évasive, note le «SonntagsBlick».
Toutefois, le Conseil fédéral devra se pencher sur les chances et les dangers de l’IA. Le Parti socialiste (PS) a déjà déposé une série d’interventions dans ce sens auprès du gouvernement. «Quelles sont les réglementations nécessaires pour éviter que l’IA ne devienne un danger pour la démocratie?» demande par exemple la conseillère nationale PS Céline Widmer (ZH) dans une interpellation. Et une motion de sa camarade de parti Min Li Marti (ZH) demande au Conseil fédéral de créer les bases légales d’une déclaration obligatoire pour les applications d’IA. Cela afin de garantir des normes uniformes et de créer la confiance.