FootballHumeur: eh bien oui, je me suis (bien) planté avec Yverdon
Cet automne, après le limogeage de Schällibaum, j’avais dézingué en des mots très durs la politique des repreneurs du club nord-vaudois. Or, ce qu’ont montré Yverdon et son nouveau coach m’a donné tort…
- par
- Nicolas Jacquier
Début novembre, quelques jours après que Marco Schällibaum a été viré aussi abruptement qu’inélégamment du banc d’Yverdon-Sport qu’il occupait à la satisfaction de chacun (mais manifestement plus assez à celle de son employeur…), j’avais écrit ici-même quelques mots très sévères envers le nouveau propriétaire du club nord-vaudois et la politique de trading de joueurs que Jamie Welch comptait y mener avec l’aide de Jeffrey Saunders comme président.
Dans une chronique au vitriol sur LeMatin.ch, j’y dénonçais autant la perte d’identité locale d’YS que sa marchandisation, ne manquant pas au passage d’égratigner Alessandro Mangiarratti, le successeur de «Schälli», désigné pour son apparente faculté à appliquer la fameuse méthodologie dont se réclamaient les nouveaux patrons du stade municipal. Tant il est vrai que j’émettais, avec la naissance d’un club hors-sol privé de ses racines historiques, de sérieux doutes sur la faisabilité du projet.
Tout cela avait abondamment fait causer dans le landerneau, me valant autant de sympathiques tapes amicales dans le dos (et de traces complices sur ma boîte électronique) que de critiques acerbes (et messages peu amicaux sur les réseaux sociaux).
Rencontre très courtoise
De tout cela, soit le nouveau virage pris par Yverdon et les réserves que celui-ci suscitait à mes yeux, j’avais ensuite eu l’occasion de parler avec Mario Di Pietrantonio, à l’origine de l’arrivée des nouveaux actionnaires américains auxquels il venait de vendre le club. A l’époque, notre rencontre avait été très courtoise, mais n’avait en rien changé mon regard sur la dangereuse politique amorcée alors par le néo-promu selon moi.
Six mois plus tard, je ne regrette nullement tout ce que j’ai pu écrire, sans doute emporté naguère par une émotion pas toujours très bonne conseillère. A considérer les excellents résultats de Mangiarratti, il semble évidemment plus difficile de prétendre avec le recul que le limogeage de Schällibaum représentait une erreur. Sur ce point-là pourtant, je n’en démords pas: le timing choisi était le mauvais. Si le but était de s’en débarrasser, comme j’en demeure toujours convaincu, pourquoi l’avoir laissé alors commencer la saison?
Fil vert conducteur
Sur d’autres points, je dois reconnaître m’être plutôt trompé. Parce que ce néo-promu-là a surpris en bien, là où peu de monde - et en aucun cas mézigue - l’attendait. Alors que l’on pouvait s’inquiéter à juste titre du brassage d’autant d’éléments issus d’horizons différents, reconnaissons que cet Yverdon new look a sacrément de la gueule et que chacun de ses matches, à fortiori ceux joués à domicile, provoque son lot d’émotions. En cela, Mangiaratti a précisément réussi ce dont je le pensais incapable: dégager un état d’esprit commun et un fil vert (plutôt que rouge) conducteur compris et partagé par tous.
A ce rythme, Yverdon n’aura certes bientôt plus grand-chose de vaudois, encore moins de très local, mais la manière dont il est en passe de se sauver (ce qui pourrait être officiellement entériné dès ce samedi après son match contre le SLO à la Pontaise) mérite que l’on salue son vaillant parcours. Au moment où plusieurs éléments s’apprêtent déjà à rebondir ailleurs - pensons en premier lieu à Kevin Carlos, dont la valeur marchande est en train d’exploser et qui ne devrait pas s’éterniser au bord de la Thièle -, ce système peut-il se perpétuer dans la durée? Permettez-moi d’émettre un léger doute mais pas davantage - tant Yverdon m’a bluffé jusque-là.
Le LS s’est moqué du monde
Ce dont je suis en revanche plus certain, c’est que le Lausanne-Sport, compte tenu des attentes légitimes que chacun pouvait nourrir au coup d’envoi du championnat, a déjà raté sa saison. Ce que le «grand club vaudois» de la capitale s’est permis l’autre jour à Yverdon est carrément honteux, à l’image de son entame de derby calamiteuse qui le vit être mené - et ridiculisé - 3-0 après avoir encaissé trois buts en huit minutes seulement. Cela s’appelle se moquer tout à la fois du monde, de Ludovic Magnin, son toujours trop excité entraîneur, des dirigeants et des fans de la Tuilière, ce qui fait ma foi beaucoup.
Mais chut, je n’en dirai pas davantage. La tentation est bien sûr là, mais hors de question de me gourer une deuxième fois…