France: un acquitté d’Outreau jugé pour agressions sexuelles sur sa fille

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FranceUn acquitté d’Outreau jugé pour agressions sexuelles sur sa fille

Condamné à tort en 2004 dans le fiasco judiciaire d’une affaire de pédophilie, ce père de famille est accusé cette fois par sa fille aînée, mais il conteste tout.

Franck Lavier en 2015.

Franck Lavier en 2015.

AFP

Franck Lavier, acquitté d’Outreau, comparaît ce vendredi 22 septembre devant le Tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer pour des agressions sexuelles, qu’il conteste, sur sa fille aînée, alors mineure, en 2015 et 2016. Cet homme de 45 ans risque jusqu’à sept ans de prison et 100 000 euros d’amende.

Franck Lavier a fait partie avec sa compagne des accusés d’Outreau. Il a été condamné en 2004 à six ans de prison pour le viol de sa belle-fille par la Cour d’assises du Pas-de-Calais, puis acquitté l’année suivante par la Cour d’appel de Paris. Il a passé en tout 36 mois de prison. Le dossier de pédophilie d’Outreau, qui a éclaté en février 2001, a abouti à un fiasco judiciaire, après deux procès aux assises en 2004 et 2005. Treize des dix-sept accusés ont été acquittés.

Franck Lavier a été mis en cause par sa fille, alors âgée de 16 ans, en 2016: elle révèle «au sein de son établissement scolaire avoir été victime de faits de nature sexuelle» de sa part, selon le dossier de presse de la Cour d’appel de Douai. Le parquet de Boulogne-sur-Mer ouvre une enquête dans la foulée et ordonne le placement provisoire de l’adolescente. Franck Lavier est lui mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.

L’instruction débouche sur son renvoi en novembre 2021 devant les assises du Pas-de-Calais, non pas pour agressions sexuelles, mais pour viol et agressions sexuelles. Le mis en cause fait appel de l’ordonnance de mise en accusation, tout comme sa fille, qui sollicite la correctionnalisation des faits.

Une plainte pour fuir le foyer

La chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Douai décide finalement en juin 2022 de requalifier le fait de «viol par ascendant» en «agression sexuelle par ascendant», entraînant un procès devant le tribunal correctionnel. Franck Lavier, intérimaire, «n’a jamais reconnu ces faits», a insisté auprès de l’AFP son avocate, Me Fabienne Roy-Nansion, qui compte plaider la relaxe.

Sa fille, «placée à 20 mois» au moment de l’affaire d’Outreau, n’a selon elle «jamais réussi à s’intégrer dans sa famille», qu’elle n’a retrouvée qu’à l’âge de six ans. Selon l’avocate, cette mère aujourd’hui âgée de 23 ans entendait avec cette plainte «fuir le foyer familial».

Sept ans se sont écoulés entre son signalement et le procès, «un délai hallucinant» pour Me Isabelle Steyer, avocate de l’association La Voix de l’Enfant, partie civile. «Quand il y a des mineurs, les dossiers devraient être une priorité.»

Parents condamnés pour maltraitances

Franck Lavier et la mère de famille, Sandrine, elle aussi acquittée d’Outreau, ont déjà été condamnés en 2012 à dix et huit mois de prison pour des maltraitances sur leur fille aînée et son petit frère, dénoncés par les enfants l’année précédente. Le couple avait en revanche été relaxé du chef de corruption de mineurs par le tribunal de Boulogne-sur-Mer.

Selon l’accusation, constatations d’un médecin légiste à l’appui, les deux enfants avaient été obligés de rester pendant des heures à genoux sur un balai en guise de punition. Les bouts des doigts de la fillette, alors âgée de 11 ans, portaient des traces de coups portés avec des lattes de sommier.

Au cours de cette enquête, une vidéo de 2009, prise lors d’une fête arrosée et mettant en scène des adultes plus ou moins dénudés simulant des actes sexuels en présence d’enfants, avait été saisie au domicile des Lavier. D’autres photos et vidéos d’une demi-douzaine de soirées similaires, entre 2008 et 2009, avait ensuite été découvertes.

(AFP)

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