Visite de BlinkenLes États-Unis et la Chine veulent «stabiliser» leurs relations
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken reste «lucide» sur les profonds désaccords bilatéraux, au terme de deux jours de discussions avec les dirigeants chinois, dont le président Xi Jinping.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré lundi à Pékin qu’il avait fait le constat avec les dirigeants chinois de la nécessité de «stabiliser» les relations bilatérales. «Lors de chaque réunion, j’ai insisté sur le fait que des contacts directs et une communication soutenue au plus haut niveau constituaient le meilleur moyen de gérer les différences de manière responsable et de veiller à ce que la concurrence ne dégénère pas en conflit», a-t-il déclaré. «J’ai entendu la même chose de la part de mes homologues chinois. Nous sommes d’accord sur la nécessité de stabiliser nos relations».
Antony Blinken, qui achève une visite de deux jours à Pékin, la première pour un secrétaire d’État américain depuis 2018, a toutefois déclaré être «lucide» sur la Chine, dont les relations avec les États-Unis se sont détériorées ces dernières années. Outre la très épineuse question des liens entre les États-Unis et Taïwan, île revendiquée par Pékin, les relations bilatérales restent tendues sur un grand nombre de dossiers.
Parmi eux, la rivalité dans les technologies, les sanctions américaines visant les géants chinois du numérique, le commerce, le traitement de la minorité musulmane des Ouïghours en Chine ou encore les revendications chinoises en mer de Chine méridionale. «Nous ne nous faisons pas d’illusions sur les défis que représente la gestion de cette relation. Il y a de nombreuses questions sur lesquelles nous sommes en profond – voire véhément – désaccord», a souligné M. Blinken.
Au nom de questions de sécurité, les États-Unis ont mis en place plusieurs mesures pour restreindre l’accès des entreprises chinoises à certaines technologies américaines ou compliquer leur fabrication de semi-conducteurs de pointe. Mais Washington ne cherche pas à «enrayer» le développement économique chinois, a assuré lundi, Antony Blinken.
Le secrétaire d’État américain, qui s’est entretenu avec le président chinois Xi Jinping, a par ailleurs déclaré que les États-Unis restaient «conscients du défi» posé par la Chine, considérée par l’administration du président Joe Biden comme le plus grand adversaire potentiel des États-Unis. «Nous ne nous faisons pas d’illusions sur les défis que représente la gestion de cette relation. Il y a de nombreuses questions sur lesquelles nous sommes en profond – voire véhément – désaccord», a souligné M. Blinken.
«Position unique»
Sur Taïwan, Pékin accuse Washington de renforcer ses relations avec l’île en violation de ses engagements passés. Mais Antony Blinken a affirmé lundi que les États-Unis ne soutenaient pas l’indépendance du territoire insulaire, dont Pékin n’a jamais renoncé à s’emparer par la force. «Dans le même temps, nous sommes, comme beaucoup d’autres, profondément préoccupés par certaines des provocations menées par la Chine, ces dernières années, depuis 2016», dans le détroit de Taïwan, a déclaré M. Blinken.
Égrenant les autres dossiers abordés avec ses interlocuteurs chinois, le secrétaire d’État a indiqué avoir demandé à la Chine d’user de son influence sur la Corée du Nord pour qu’elle mette fin à ses tirs de missiles. «Il est dans l’intérêt de tous les membres de la communauté internationale d’encourager la (Corée du Nord) à agir de manière responsable, à cesser de lancer des missiles et de mener son programme nucléaire», a déclaré M. Blinken.
Pas d’armes à la Russie
Le secrétaire d’État américain a par ailleurs déclaré que la Chine avait renouvelé sa promesse de ne pas envoyer d’armes à la Russie pour sa guerre en Ukraine. «Nous, ainsi que d’autres pays, avons reçu l’assurance de la part de la Chine qu’elle ne fournit pas et ne fournira pas d’aide létale à la Russie, pour une utilisation en Ukraine», a déclaré le secrétaire d’État américain. «Nous n’avons pas vu de preuve qui contredise cela. Ce qui continue de nous inquiéter, en revanche, c’est la possibilité que des entreprises chinoises fournissent de la technologie à la Russie que cette dernière puisse utiliser pour poursuivre son agression en Ukraine», a-t-il ajouté. «Nous avons demandé au gouvernement chinois d’être très vigilant à ce sujet». Le secrétaire d’État américain a précisé que les promesses de Pékin avaient été réalisées «dans les dernières semaines» et pas uniquement à l’occasion de sa visite.