Afrique - L’opposant Hichilema remporte la présidentielle en Zambie

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Hakainde Hichilema, opposant historique au président zambien Edgar Lungu, a remporté la présidentielle, d’après les résultats publiés lundi.

Un président du président élu Hakainde Hichilema devant sa résidence à Lusaka, le 15 août 2021.

Un président du président élu Hakainde Hichilema devant sa résidence à Lusaka, le 15 août 2021.

AFP

L’opposant zambien Hakainde Hichilema, 59 ans, a très largement remporté l’élection présidentielle face au sortant Edgar Lungu, a annoncé la commission électorale tôt lundi. «Je déclare Hakainde Hichilema président élu de la République de Zambie en ce 16 août», a annoncé Esau Chulu, président de la commission, vers 2h30 du matin devant la presse.

Hakainde Hichilema, homme d’affaires autodidacte surnommé «HH», a remporté un total de 2’801’757 suffrages contre 1’814’201 pour Edgar Lungu, a-t-il précisé. Une victoire nette alors que cette course était donnée serrée depuis des semaines.

Une seule de 156 circonscriptions du pays d’Afrique australe n’a pas officiellement été dépouillée mais la commission a estimé que quels que soient ses résultats, cela «ne risquait pas d’influer» sur la victoire de M. Hichilema. Quelques bouchons de champagne ont sauté dans la salle où se trouvaient des parlementaires proches de «HH» alors que des coups de klaxons se multipliaient dans les rues alentours débordant de monde.

C’était la troisième fois que Hakainde Hichilema affrontait Edgar Lungu dans les urnes. En 2016, il avait perdu de seulement 100’000 voix. La participation, très forte à plus de 70%, confirme l’engouement pour ce scrutin, durant lequel certains bureaux sont restés ouverts jusqu’à 05H00 du matin pour permettre aux électeurs faisant la queue depuis la fin d’après-midi de voter.

Recours possibles

Dans la capitale Lusaka, des centaines de partisans s’étaient déjà rassemblés plus tôt dans la soirée, notamment devant la maison de Hakainde Hichilema. Habillés de rouge, couleur de son parti l’UPND, ils ont dansé, klaxonné, fêté la victoire avant même les résultats définitifs, tant «HH» semblait assuré de l’emporter.

Charles Melupi, un porte-parole de l’opposition, avait appelé dimanche matin le président sortant à «agir en homme d’État» et à admettre «rapidement» sa défaite «pour que le processus de passation de pouvoir et de réconciliation de ce pays puisse commencer». Pendant tout le week-end, les équipes d’Edgar Lungu, 64 ans, et de son rival historique «HH», que la rue appelle aussi «Bally», un terme affectueux désignant un père ou un aîné, avaient chacune donné leur champion gagnant.

En attendant les résultats définitifs, les Zambiens se sont interrogés sur les intentions d’Edgar Lungu. Samedi soir, la présidence avait annoncé que le parti au pouvoir, le Front patriotique (PF), réfléchissait à des recours possibles dans trois provinces traditionnellement acquises à l’opposition, estimant que le vote y avait été «caractérisé par des violences», rendant «l’exercice nul».

«Soyons le changement»

Charles Melupi avait jugé ces accusations «infondées». «Préparez-vous à fêter votre victoire!» avait-il lancé, s’adressant aux Zambiens. Hakainde Hichilema avait appelé au calme dans la matinée: «La victoire est en vue et j’aimerais demander le calme à nos partisans».

«Nous avons voté pour le changement, pour une Zambie meilleure, libérée de la violence et de la discrimination. Soyons le changement pour lequel nous avons voté», avait-il tweeté. Il a rendu visite dans l’après-midi à l’ancien président zambien Rupiah Banda. Ils ont évoqué «un large éventail de questions relatives au bien-être de notre peuple», a ensuite tweeté Hakainde Hichilema, postant une photo montrant les deux hommes assis face à face dans des canapés en cuir.

La campagne a largement porté sur les difficultés économiques et l’inflation dans ce pays riche en cuivre, qui a été le premier du continent à avoir fait défaut sur sa dette depuis le début de la pandémie. Edgar Lungu, avocat de formation, est critiqué pour avoir emprunté de façon déraisonnable, notamment auprès de créanciers chinois, pour financer une frénésie de projets d’infrastructures. Mais aussi pour son attitude de plus en plus inflexible à l’égard de l’opposition depuis son arrivée au pouvoir en 2015.

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