MarchésLa Bourse de Paris dépasse son record historique vieux de 21 ans
Revenu des tréfonds du krach de mars 2020, l’indice vedette de la place parisienne a atteint 6927,03 points à la clôture mardi.
La Bourse de Paris a dépassé mardi son record historique de clôture grâce au rebond économique permis après le plus dur de la crise du Covid-19 par l’afflux de liquidités sur les marchés et l’amélioration sanitaire.
Abondance de liquidités
L’indice vedette CAC 40 de la place parisienne a atteint 6927,03 points à la clôture. Il dépasse son précédent sommet établi à 6922 points le 4 septembre 2000, en pleine bulle internet.
Il reste cependant un cheveu en-dessous de son record absolu en séance, aux alentours de 6944 points.
Depuis le printemps 2020, l’argent coule à flots sur les marchés financiers grâce aux mesures de soutien exceptionnel des banques centrales, qui ont injecté autour d’une centaine de milliards de dollars par mois depuis un an et demi pour la Banque centrale européenne ou la Réserve fédérale américaine.
Cette abondance de liquidités a permis aux indices boursiers de vite rattraper les pertes enregistrées en mars 2020 : le CAC 40 était tombé à 3632,06 points au plus bas en séance, le 16 mars.
«L’action des banques centrales a bénéficié à tous les marchés actions», assure Jean-Patrice Prudhomme, directeur du pôle allocations et gestion de Milleis Banque. En Allemagne comme aux États-Unis, les indices vedettes ont déjà amélioré leur record.
«Plus de liquidités, c’est moins de stress financier, plus de financement à taux bas et une rentabilité des actions bien plus élevée que celle des obligations», explique-t-il.
Le luxe fait briller la Bourse
Les marchés ont aussi été dopés, à partir de novembre 2020, par l’arrivée des vaccins contre le Covid-19 qui ont permis la sortie de crise. Les gigantesques plans de relance mis en oeuvre par les gouvernements ont également profité aux entreprises.
Comme ce fut déjà le cas en juillet, les très bons résultats trimestriels annoncés par nombre d’entreprises fin octobre ont permis au CAC 40 de poursuivre son ascension et de chasser les craintes d’une inflation plus soutenue que prévu.
Autre facteur explicatif, l’indice parisien est composé de valeurs qui ont été particulièrement performantes depuis le début de l’année, notamment celles du luxe qui pèsent plus d’un quart de la cote. Cela explique que le CAC 40 fasse un peu mieux depuis le début de l’année que les autres grandes places européennes ou américaines.
Le géant mondial du luxe LVMH, qui représente à lui seul près de 15% de la capitalisation du CAC 40, a pris 34% depuis le début de l’année et Hermès 59%. L’Oréal, qui compte pour environ 10% du CAC 40, a bondi de 29%.
Des valeurs industrielles comme Saint-Gobain (+63% depuis le 1er janvier) et ArcelorMittal (+52%) ont bénéficié pour leur part de la réouverture des économies et de la hausse du coût des matières premières.
Deuxième bulle ?
En 2000, le record absolu en séance à 6944,77 points avait été enregistré le 4 septembre, juste avant l’éclatement de la bulle internet créée par l’engouement des investisseurs pour les nouvelles technologies.
Le CAC 40 vit-il une deuxième bulle, 21 ans après ? La réponse est non pour M. Prudhomme, qui regarde davantage «le rapport entre niveaux des indices et niveaux de bénéfices» que la simple progression brute des marchés. Or, il note que «cette année, il y a eu un fort rebond des bénéfices».
Mais dans les semaines à venir, les cours des actions pourraient subir une correction avec le retrait progressif du soutien exceptionnel apporté par les banques centrales, échaudées par le rythme soutenu de l’inflation.
La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait l’annoncer mercredi, à la fin de sa réunion de politique monétaire. Son objectif est de ramener ses rachats d’actifs de 120 milliards de dollars par mois actuellement, à zéro d’ici au milieu de 2022.
«On s’attend à ce que l’évolution des politiques monétaires soit très progressive et donc pas forcément pénalisante pour les marchés», ajoute toutefois Jean-Patrice Prudhomme.