NigeriaUne chrétienne détenue pour blasphème a été libérée sous caution
Rhoda Jatau était en prison depuis un an et demi pour avoir publié un message jugé offensant par des musulmans, où elle condamnait l’assassinat de Deborah Samuel, une étudiante chrétienne.
Au Nigeria, Rhoda Jatau, une femme de confession chrétienne détenue depuis 18 mois pour blasphème contre le prophète Mahomet, a été libérée sous caution vendredi, a annoncé, dimanche, son avocat, Kola Alapini.
Cette mère de cinq enfants, employée dans le secteur médical, avait été arrêtée en mai 2022, dans la ville de Warji, dans le nord-est du pays, après avoir publié en ligne un message jugé blasphématoire par des habitants musulmans, avait alors indiqué la police. Plusieurs d’entre eux avaient mis le feu à des habitations et des bâtiments administratifs pour exprimer leur colère, tandis que Rhoda Jatau était placée en garde à vue.
Le message qu’elle avait publié en ligne condamnait l’assassinat, quelques jours plus tôt, de Deborah Samuel, une étudiante chrétienne de la ville de Sokoto, dans le nord-ouest du pays, par ses collègues musulmans qui l’accusaient d’avoir diffusé un message blasphématoire à l’encontre du prophète de l’islam. L’assassinat de Deborah Samuel avait suscité l’émoi des chrétiens au Nigeria et à l’étranger.
«Il s’agit d’une évolution positive»
«Rhoda Jatau a été libérée sous caution par la Haute Cour de Bauchi, qui la jugeait pour blasphème présumé», a déclaré Kola Alapini, qui dirige la Fondation pour la liberté religieuse, une organisation à but non lucratif située à Abuja, la capitale du Nigeria. «Il s’agit d’une évolution positive et d’un pas vers sa liberté totale.»
Rhoda Jatau a été libérée vendredi, lors d’une séance discrète au tribunal, afin d’éviter les foules et d’éventuelles émeutes, compte tenu de l’intérêt que son procès a suscité auprès du public. Son dossier avait été évoqué au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, en juillet, et au Parlement européen, en octobre.
Peine de mort dans certains États
Au Nigeria, le blasphème est passible de la peine de mort en vertu de la charia, qui s’applique dans douze États majoritairement musulmans, parallèlement au droit commun. Dans de nombreux cas, les accusés sont tués par des foules sans passer par la procédure judiciaire.
Les tensions sont généralement élevées entre les musulmans et les chrétiens au Nigeria, dont la population de plus de 210 millions d’habitants est à peu près répartie entre les deux confessions.