France: Le «violeur de la Sambre» doit répondre de 56 agressions sexuelles

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FranceLe «violeur de la Sambre» doit répondre de 56 agressions sexuelles

Dino Scala sera jugé dès vendredi pour trente ans de crimes sexuels. Ce prédateur a admis la majorité des faits.

Photo non datée du «violeur de la Sambre», Dino Scala.

Photo non datée du «violeur de la Sambre», Dino Scala.

AFP

Trente ans de viols et agressions sexuelles, 56 victimes: Dino Scala comparaît à partir de vendredi devant les assises, dans le nord de la France, pour un parcours, en partie assumé, de violeur en série, de 1988 à 2018.

Le terrain de chasse imputé à celui qu’on a surnommé le «violeur de la Sambre» s’étend sur un rayon de moins de 30 kilomètres autour de cette rivière traversant la frontière franco-belge.

Parmi les victimes, la plus jeune avait 13 ans, la plus âgée 48. Beaucoup d’entre elles, qui ne croyaient plus à une issue judiciaire, ont été recontactées après son arrestation. «Elles espèrent pouvoir enfin mettre un point final à ce qui leur est arrivé, avoir un début d’explication et être entendues, comprises», commente Me Caty Richard, avocate de trois d’entre elles.

Jugé jusqu’au 1er juillet, Dino Scala, 61 ans, comparaît pour 17 viols, 12 tentatives de viol et 27 agressions ou tentatives d’agression sexuelle.

Cet ancien ouvrier et entraîneur de clubs locaux de football a reconnu «la grande majorité des faits», indique son avocate, Margaux Mathieu. Il a fait «des aveux spontanés dès le début de sa garde à vue» et se trouve toujours «dans cette même volonté d’expliquer, de répondre aux questions», assure-t-elle. Il en conteste toutefois «une quinzaine», «formellement et de manière constante», tandis que pour certains faits délictuels, «les plus anciens», il «éprouve des difficultés à se souvenir».-

Elles disent «avoir vu la mort»

L’information judiciaire, tentaculaire, débute en novembre 1996 avec la plainte d’une femme de 28 ans, violée le long d’une voie rapide à Maubeuge. Un homme est sorti de l’ombre, raconte-t-elle, lui a demandé s’il lui «avait fait peur», avant de l’étrangler et l’entraîner dans un taillis. Son sperme sera trouvé dans l’herbe.

Très vite, d’autres agressions suivent dans la même zone. Des adolescentes notamment sont violées sur le chemin de l’école. En deux ans à peine, le juge recense une quinzaine de victimes. Elles sont presque systématiquement agressées dans la pénombre des petits matins d’hiver, généralement sur la voie publique.

Le mode opératoire est similaire: l’homme les saisit par derrière, les étrangle avec l’avant-bras ou un lien, les traîne à l’écart. Il les menace, souvent à l’aide d’un couteau, peut leur attacher mains et pieds ou leur bander les yeux. Il leur demande parfois de «compter», pendant qu’il fuit. Durablement traumatisées, plusieurs diront avoir «vu la mort».

Pendant des années, la police multiplie les investigations, les comparaisons d’ADN et quadrille la zone. Sans succès, au point qu’un premier non-lieu est prononcé en 2003. L’affaire rebondit en 2006 après une série d’agressions en Belgique. D’autres plaintes plus anciennes sont alors rapprochées du dossier. Mais le coupable demeure introuvable.

«J’aime être furtif»

Jusqu’à l’agression d’une adolescente en février 2018 à Erquelinnes (Belgique). Une Peugeot 206 est filmée par la vidéosurveillance, à proximité. Le conducteur, Dino Scala, sera arrêté quelques semaines plus tard à Pont-sur-Sambre, un petit bourg français.

Couteau, cordelettes, gants sont retrouvés lors des perquisitions. Son ADN est présent sur plusieurs scènes de crime. En garde à vue, il avouera une quarantaine d’agressions, invoquant des «pulsions» incontrôlables. Plus tard, il dira «en vouloir» aux femmes et s’être toujours senti insuffisamment reconnu, «éternel second» dans sa vie professionnelle comme intime.

L’arrestation de ce père de cinq enfants – issus de deux mariages – avait abasourdi son entourage qui le décrit largement comme «gentil», «serviable». Mais deux ex-belles-sœurs ont dénoncé des comportements déplacés. Sa première fille a décrit des souvenirs imprécis d’attouchements, accusant successivement son père et son grand-père.

L’enquête dessine le profil d’un «prédateur» à la vie «organisée autour» de ces crimes. Avant d’aller au travail, il «rodait» pour trouver des victimes et repérer leurs habitudes. «Je tournais, (…) j’observais où les femmes passaient». «J’aime être furtif, me dissimuler», avouera-t-il pendant l’instruction, évoquant une «nature de chasseur».

Selon des experts psychologues, sa jouissance provenait plus de la «domination d’autrui» que de l’acte sexuel.

(AFP)

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