Football: Derbies de dupes à Neuchâtel et à Genève

Trois jours pour trois derbies romands. Alors que le premier, 100% vaudois, opposera ce jeudi soir le SLO à Yverdon (soit un néo-promu qui se cherche encore à une formation nord-vaudoise en pleine réussite), les deux autres mettront des équipes naviguant en plein doute. On veut parler de Xamax – Sion, ce vendredi soir (coup d’envoi 20 h 15), suivi le lendemain, à partir de 18 h, d’un choc lémanique entre Servette et Lausanne dont le perdant, s’il devait y en avoir un, pourrait commencer à se faire vraiment des soucis. Dans les deux cas, ce n’est pas le contexte que l’on espérait. Cela débouche sur des rendez-vous de dupes, avec autant d’équipes condamnées à dépasser la réalité dans laquelle elles sont engluées. 

À la mi-août, Xamax – Sion aurait encore constitué un véritable choc au sommet de Challenge League. Le club de la Maladière ne pointait-il pas alors en tête du classement, à égalité avec le club valaisan? Sept semaines plus tard, la configuration a radicalement changé: conséquence d’une série négative (4 matches/2 points) qui se prolonge, Xamax a reculé à la 5e place, à 3 points du podium, tandis que Sion, qui n’a plus gagné en championnat depuis le 25 août (2-1 à Nyon), fait dangereusement du surplace, ayant laissé filer Thoune et Wil devant lui. Autant son été avait été prometteur, autant septembre, mis à part l’exploit en Coupe contre Grasshopper, s’avère pour lui catastrophique.

Après deux nuls décevants (Baden à domicile, Schaffhouse à l’extérieur), il y a surtout cet abracadabrant renversement de lundi contre Thoune où Sion, menant pourtant 2-0 à l’entame de l’ultime quart d’heure, a réussi à laisser filer de manière coupable une victoire qui lui tendait les bras. Sion ou la capacité d’inventer des scénarios improbables… Comme celui d’encaisser trois buts en 14 minutes, soit autant que lors des sept premières journées.

Dans quelques heures, les retrouvailles entre Xamax et Sion seront celles de losers alors que l’un et l’autre ont l’obligation de réagir. «On a eu une crevaison en championnat, image Christian Constantin, le boss de Tourbillon. On se doit de réparer et de corriger tout cela pour revenir sur la tête.» Fait acquis, les Neuchâtelois, qui n’ont pas fait de la montée leur objectif, auront infiniment moins à perdre que leurs hôtes. Paradoxalement, c’est ce qui peut les rendre dangereux.

Pour sa part, le Stade de Genève servira de décor à un derby lémanique entre deux équipes dont on pouvait légitimement espérer beaucoup plus. C’est surtout le cas de Servette, toujours à la recherche d’une victoire qui le fuit depuis celle obtenue lors de la première journée. Les déboires actuels que vivent les «grenat» ont surtout fait naître pas mal de questionnements sur la capacité de René Weiler à pouvoir les surmonter. Un public qui commence à gronder, des joueurs parfois perdus, d’autres qui semblent cramés physiquement, une absence de leadership, un héritage (celui de Geiger) qui semble déjà dispersé, etc., la grogne est gentiment en train de s’installer au bout du lac. Et ce n’est pas le point obtenu contre Winterthour (2-2) qui a permis de dissiper les doutes. Là aussi, avec un Servette si loin du potentiel qu’on lui prête, y aurait-il erreur sur la marchandise?

C’est dire si le successeur de Geiger a besoin d’un résultat pour faire retomber la pression, surtout avant un périlleux rendez-vous européen contre la Roma cinq jours plus tard. Jusqu’à présent, les deux premiers derbies de la saison n’ont guère souri à Servette, qui avait sauvé un point au bout des arrêts de jeu contre le SLO (95e, 1-1) avant de se faire étriller par Yverdon dans le huis clos de la Maladière (4-1).

La sérénité, c’est aussi ce qui fait défaut à Lausanne. Si des progrès sont perceptibles, tout semble encore très compliqué pour un néo-promu souffrant toujours de l’absence d’un buteur. Depuis 2008, le bilan des confrontations entre Servette et Lausanne demeure assez équilibré, puisque l’on compte 15 succès genevois contre 12 victoires vaudoises et 7 nuls. Si le club de la capitale olympique avait nettement remporté le dernier derby (4-1 le 3 avril 2022), le LS s’était incliné lors de son dernier passage au Stade de Genève, le 5 février 2022 - défaite 1-0 (but de Sasso) devant 11’023 spectateurs. 

Combien seront-ils samedi en fin d’après-midi pour assister à la renaissance du derby lémanique?