Réforme des retraites en FranceMacron «manque de respect mais c’est dans son ADN de nous mépriser»
Les propos du président français, qui a déclaré que la foule «n’a pas de légitimité» face aux élus, ont fait largement réagir après l’adoption en force de la réforme des retraites par le parlement.
«La foule quelle qu’elle soit n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus»: les propos du président français Emmanuel Macron auprès des cadres de la majorité suscitaient mercredi colère ou incompréhension chez les citoyens mobilisés contre la réforme des retraites.
«C’est oublier l’histoire»
«Etre élu démocratiquement et oser dire que la démocratie ce n’est pas le pouvoir du peuple, c’est un peu oublier l’histoire de la France», estime un syndicaliste CGT à Chambéry. «C’est quand même un peu difficile à avaler. Il faudrait qu’il descende un peu de sa tour d’ivoire. Il est très loin de la réalité, de ce qui se passe. Il nie le poids des élus avec le 49.3 et là il nie le poids du peuple. Ça renforce notre détermination», prévient-il.
«Déni démocratique»
«L’argument de la représentativité avec Emmanuel Macron, on va arrêter cinq minutes!», s’agace Ugo Ebnert, 18 ans, étudiant à Sciences Po, venu devant le commissariat de Lille (Nord) soutenir des manifestants interpellés.
Le chef de l’Etat «a été élu non pas sur la base de son programme mais sur le barrage républicain face à l’extrême droite. Il a dit à l’époque «cette élection m’oblige», mais il a très vite oublié ça», rappelle-t-il. «Aujourd’hui, il fait passer en force une réforme à laquelle 90% des actifs s’opposent. C’est du déni démocratique.»
«Mépris des syndicats»
«Il y a un mépris des organisations syndicales, des mobilisations qui sont construites, des mouvements d’ampleur qui sont mis en place depuis maintenant plus de deux mois», estime un syndicaliste CGT à Brest (Bretagne).
Par son mandat syndical, il s’estime «aussi légitime que les élus». «On est quand même élus dans les entreprises, il y a des salariés qui votent pour nous, et on a un taux de syndicalisation qui dépasse largement le nombre d’adhérents des partis politiques», souligne-t-il.
«Manque de respect»
«C’est un énième manque de respect mais c’est inscrit dans son ADN politique de nous mépriser», réagit un délégué syndical SUD-PTT, au nord de Bordeaux. «En France, il n’y a pas de révocation possible des élus, le seul moyen qu’on a de les dégager du pouvoir, c’est de le faire manu militari», menace-t-il.
Patientant dans sa voiture bloquée à un rond-point, une automobiliste juge, contrairement au président, que «ce mouvement est légitime vu que la démocratie n’est pas respectée par le passage en force de ce projet de loi.»
«Laisser voter les députés»
«Le président estime que nous ne sommes pas légitimes, comparés aux élus. Mais lui et sa réforme non plus ne sont pas légitimes, il a fallu passer par un 49.3 pour qu’elle soit adoptée. Il aurait fallu laisser voter les députés, l’Assemblée nationale, qui est souveraine et qui représente le peuple», déplore un élu CGT à Montbéliard (Doubs).
«Quand on voit les sondages, (la grande majorité) de la population ne veut pas de sa réforme», juge-t-il. «Alors on ne lâchera rien. Face aux blocages, le président Chirac avait abandonné le CPE (Contrat première embauche, ndlr), donc c’est possible.»
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