Royaume-UniEn Irlande du Nord, un scrutin pourrait provoquer un séisme politique
Un siècle après sa création, l’Irlande du Nord pourrait connaître un séisme politique, avec la victoire aux élections locales, jeudi, du parti républicain Sinn Féin, favorable à la réunification de l’île.
![Le DUP de Jeffrey Donaldson n’a de cesse d’exhorter Londres à abandonner le protocole nord-irlandais, dispositif post-Brexit qui introduit des contrôles douaniers sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne. Le DUP de Jeffrey Donaldson n’a de cesse d’exhorter Londres à abandonner le protocole nord-irlandais, dispositif post-Brexit qui introduit des contrôles douaniers sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/76ac7902-a510-4320-8d7a-87eebfe14b75.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1292&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=202de8cc729c9c87a92cadcb4a775452)
Le DUP de Jeffrey Donaldson n’a de cesse d’exhorter Londres à abandonner le protocole nord-irlandais, dispositif post-Brexit qui introduit des contrôles douaniers sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne.
REUTERSEn Irlande du Nord, les unionistes du DUP, majoritairement protestants et viscéralement attachés au maintien de la nation au sein du Royaume-Uni, ont quasiment toujours été le principal parti depuis 1921. Avant le scrutin du jeudi 5 mai, qui renouvelle l’Assemblée locale siégeant à Belfast, les sondages donnent une victoire du Sinn Féin, autrefois vitrine politique des paramilitaires de l’IRA, l’armée républicaine irlandaise, avec six ou sept points d’avance sur eux.
Si ce résultat se concrétisait dans les urnes, le parti républicain de gauche prendrait le poste de Premier ministre. Reste à savoir si le DUP accepterait de prendre celui de vice-Premier ministre et de permettre à l’exécutif local – actuellement paralysé – de tourner, car, comme le prévoit la gouvernance partagée par l’accord du Vendredi saint de 1998, qui a mis fin à trois décennies de conflit sanglant, l’un ne peut pas fonctionner sans l’autre.
La réunification ne passe pas toujours en premier
À Newry, près de la frontière avec l’Irlande, une pancarte du Sinn Féin proclame que «l’unité irlandaise» est «la solution au Brexit». La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, contre laquelle les Nord-Irlandais avaient majoritairement voté, a entraîné dans son sillage «un changement sismique dans la société», a récemment déclaré la vice-présidente du Sinn Féin, Michelle O’Neill.
Le parti tempère toutefois la perspective d’une Irlande unie dans un avenir proche, craignant un effet repoussoir auprès de l’électorat centriste et des unionistes modérés, plus soucieux de sujets comme la santé, l’éducation ou le coût de la vie.
Désaccord sur le protocole post-Brexit
Dans la circonscription du chef du DUP Jeffrey Donaldson, Lagan Valley, les couleurs rouge, bleu et blanc du drapeau britannique s’affichent fièrement. Les pancartes appellent les électeurs à le placer en tête sur leur bulletin de vote, le système électoral nord-irlandais permettant aux électeurs de composer leur propre liste.
Le DUP n’a de cesse d’exhorter Londres à abandonner le protocole nord-irlandais, dispositif post-Brexit qui introduit des contrôles douaniers sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne. Les unionistes y voient une menace sur la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, conjuguée avec la progression du Sinn Féin. Le gouvernement britannique répète qu’il n’exclut rien en cas d’échec des négociations avec Bruxelles, y compris s’affranchir des dispositions du protocole.
L’accord du Vendredi saint prévoit que soit organisé un référendum sur toute l’île sur sa réunification en cas de soutien populaire en ce sens. Mais la manière de jauger ce soutien n’a été définie à dessein que de manière vague. Si bien que la lecture d’une éventuelle victoire du Sinn Féin reste incertaine à cet égard. Quant au DUP, il fait valoir que la menace existe et essaie de mobiliser sa base.