Carnet noirDécès de Bruno Latour, figure de la pensée écologiste
Considéré comme l’un des plus grands intellectuels contemporains français, le célèbre philosophe et sociologue est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 75 ans.
«Les Éditions La Découverte ont appris avec tristesse le décès de Bruno Latour cette nuit à Paris. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches», a écrit l’éditeur du célèbre philosophe et sociologue français en annonçant dans un communiqué sa mort à l’âge de 75 ans. Récipiendaire du prix Holberg (2013) et du prix de Kyoto (2021) pour l’ensemble de ses travaux, Bruno Latour était un intellectuel inclassable, soucieux de l’enquête de terrain. Il a été l’une des figures de la pensée écologiste.
Il est l’auteur (seul ou en collaboration) d’ouvrages tels que «La fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’état», «La Vie de laboratoire», «Nous n’avons jamais été modernes», «Les Microbes. Guerre et paix» (sur Louis Pasteur) et le dernier «Où suis-je?» écrit en pleine crise du Covid.
Né le 22 juin 1947 à Beaune (Côte d’Or) dans une famille de négociants en vin de Bourgogne, Bruno Latour a passé une agrégation de philosophie puis s’est formé à l’anthropologie en Côte d’Ivoire. Il a ensuite enseigné dans des écoles d’ingénieurs, l’École des Mines (où il était responsable du cours «Description de controverses scientifiques») ou le Centre de sociologie de l’innovation.
Auteur de plusieurs essais parus en anglais avant d’être publiés en France, Bruno Latour s’est longtemps intéressé aux questions de gestion et d’organisation de la recherche et, plus généralement, à la façon dont la société produit des valeurs et des vérités, avant de s’intéresser à la crise environnementale. Il a été l’un des premiers à percevoir l’enjeu de la pensée écologiste. En 2021, il confiait à l’AFP que les crises du changement climatique et de la pandémie ont brutalement révélé une lutte entre «classes géo-sociales». «Le capitalisme a creusé sa propre tombe. Maintenant il s’agit de réparer».