FootballLe malaise s'épaissit autour de l’équipe de Suisse féminine
Les signaux d’alerte se multiplient autour de l’équipe nationale féminine. Par-delà les résultats et les gifles successives face à l’Espagne, le malaise s’est fermement installé autour d’Inka Grings.
- par
- Florian Vaney
Ce n’est au fond qu’une défaite. Pas plus grave qu’une autre. Ni décisive, ni subie lors d’une grande compétition. Après l’avoir encaissée pourtant, les visages des Suissesses - Ramona Bachmann en tête – se retrouvent rougis par les pleurs. L’ampleur du score y est peut-être pour quelque chose: prendre une claque 7-1, même contre l’Espagne, meilleure équipe du monde, fait toujours mal. Le contexte aussi, sachant que cette gifle a été vue en direct mardi par plus de 8500 personnes réunies au Letzigrund. Les Suissesses auraient voulu leur offrir autre chose qu’un duel déjà réglé après 11 minutes et le 2-0 d’Alexia Putellas. Mais, dans les larmes de l’équipe nationale, semblent surtout couler le malaise et la frustration.
La première édition de la Ligue des nations féminine s’est invitée dans son quotidien comme un cadeau empoisonné. Le prestige d’affronter deux fois ce qui se fait de mieux en Europe (l’Espagne, la Suède et l’Italie) a rapidement laissé place à une réalité plus abrupte: en l’état, la Suisse n’appartient pas à ce giron. Les quatre défaites subies jusqu’ici (pour une différence de buts de -13) valent comme une preuve parmi d’autres. Et parmi les autres, justement, se trouve cette instabilité sous-jacente qui s’étend.
Dans ces cas-là, les regards accusateurs se tournent généralement vers le banc. Malheureusement pour elle, Inka Grings n’y échappe pas. La sélectionneuse souffre d’un bilan assez terrible, avec une seule petite victoire obtenue lors de ses treize matches à la tête de l’équipe. Le constat doit être nuancé à l’aune de la qualité des adversaires rencontrés. Mais pour cette Suisse qui s’imagine une montée en puissance ébouriffante sur le chemin de l’Euro qu’elle organisera en 2025, il y a là un premier désaveu.
La patience suisse
Reste qu’en ce qui concerne les équipes nationales suisses, et c’est une chance, tout n’est pas qu’une question de résultats lorsque se pose la délicate question d’un changement de sélectionneur/euse. Murat Yakin en sait quelque chose. Lui dont la place sur le banc de l’équipe masculine a largement été remise en cause par l’opinion publique. À cause des résultats, et de la gestion de son effectif et de ses cadres. Les mêmes problèmes qui se posent actuellement à Inka Grings.
En septembre, la technicienne allemande avait décidé de se passer d’Ana-Maria Crnogorcevic, footballeuse la plus captée de l’histoire de l’équipe nationale, pour le début de la Ligue des nations. Tandis que l’ex-joueuse de Barcelone s’est, elle, plainte du jeu helvétique lors de la Coupe du monde. Lorsqu’un conflit devient public, c’est souvent qu’il a pris racine à l’interne depuis un certain temps. Fin octobre, le Tages-Anzeiger évoquait une potentielle réconciliation entre les deux femmes. Que les pleurs de mardi soir cherchent visiblement à remettre en question.
Le quotidien zurichois a plusieurs fois pointé du doigt, citant des sources internes, le manque de confiance mutuelle entre joueuses et sélectionneuse. Là où les difficultés de communication semblent également péjorer la vie du groupe. Ces deux domaines, Nils Nielsen, le prédécesseur d’Inka Grings aux manettes de l’équipe de Suisse, en avait fait ces principaux atouts.
Certaines images captées mardi lors de la débâcle face à l’Espagne attestent la thèse d’une sérieuse incompréhension entre les Suissesses et leur cheffe (voir la vidéo ci-dessus). Ensemble, elles n’échapperont plus que probablement pas à la relégation dans le groupe B de la Ligue des nations. Ce qui représente peut-être une chance. Un mal pour un bien. Une occasion de retrouver des résultats positifs et, avec eux, un cadre de travail apaisé en direction de l’Euro 2025. À moins qu’à une année et demie de la compétition, il ne soit déjà trop tard pour éviter un grand ménage.