VTTCamille Balanche: «Je l'avais rêvé un milliard de fois»
La Neuchâteloise, convalescente, est passée à un cheveu de la médaille de bronze aux Mondiaux des Gets (Fr). Interview d’une descendeuse aux sentiments mélangés, qui jouera gros la semaine prochaine à Val di Sole (It).
- par
- Robin Carrel Les Gets
Malgré cette médaille en «chocolat», il y a pas mal de positif à prendre...
Il y a quand même une petite frustration. Mon but, c'était clairement de finir troisième. Je l'avais rêvé un milliard de fois, je savais que j'en étais capable et ça passe à moins d'une seconde. C'est frustrant aussi parce qu'il y a des endroits où j'aurais pu faire mieux. Là, je suis déçue, mais je pense que demain j'arriverai à me dire que c'était cool d'avoir pu rouler. Je m'attendais vraiment à finir troisième...
Mais ça reste bon signe avant Val di Sole et la conquête de la Coupe du monde, non?
Oui! J'ai vu que dans la tête j'avais réussi à ne pas penser à la douleur. J'ai tenté de rouler comme si je n'avais rien eu du tout à l'épaule. Deux ou trois fois, ça m'a un peu surprise et j'ai failli perdre la maîtrise du guidon. Mes mains n'ont pas tenu le choc et c'était vraiment chaud. Mais j'imagine que la force va revenir et normalement, ça va aller.
C'est dans la tête que vous avez dû faire le travail ou l'adrénaline a pris le dessus?
Honnêtement, on a fait beaucoup de boulot avec le médecin, les physios... Et puis évidemment que l'adrénaline a aidé aussi! J'y ai cru. Je savais au fond de moi que mon bras pouvait tenir. Je suis contente de ma manière de rouler, mais j'ai remarqué qu'à certains endroits, il m'était impossible d'aller plus vite. C'est comme ça! Les autres ont bien roulé aussi.
Vous pouvez nous résumer encore une fois vos dernières semaines?
Là, ça fait deux semaines et quatre jours que je me suis cassé la clavicule. La première semaine, on ne pense même pas à revenir. Le médecin, lui, m'a dit: «Si, tu pourras rouler aux Gets». Moi j'étais un peu surprise, parce que j'avais tellement mal, que je ne pouvais pas bouger. Et dès les premiers jours, j'avais fait de grands progrès. La deuxième semaine aussi, j'allais mieux à fond. Ensuite, je n'ai décidé que lundi si je venais ou pas. Je me suis dit qu'il fallait que je le fasse, sinon j'aurais trop déprimé devant ma télé, puisque tout le monde était ici. C'est toujours spécial, les Championnats du monde et puis j'avais un nouveau vélo et tout. Par contre, je ne savais toujours pas si j'allais vraiment rouler. Chez moi, je n'avais fait que quelques sorties sur route. A peine j'allais dans des petits chemins, avec des cailloux, que ça me faisait super mal et je n'y croyais pas trop. Ici, j'ai essayé, ça faisait mal, mais je pouvais le faire en y allant gentiment. Et puis surtout, sur les sauts, j'étais étonnée, ça allait bien! On a tous fait un boulot de malade et j'ai essayé de me dire, dans ma tête, que ça ne faisait pas mal. Je n'ai pas pu rouler vendredi. Je n'ai pas roulé samedi matin. J'ai fait le minimum, pour m'économiser, et c'était cool, c'était un bon run. Mais je m'étais tellement dit que j'allais finir troisième…
Et puis c'était tellement la folie autour de la piste que vous ne devez rien regretter.
Franchement, c'est abusé! Le bruit qu'il y avait au départ, quand on entendait les autres descendre, c'était fou. Cela faisait du bruit dans toute la vallée! C'est incroyable. Sur mon passage, je n'entendais pas forcément les supporters, mais c'est sûr que c'était super fort. Et puis lors de ma descente, j'ai vu des fans faire la ola, c'était vraiment génial. Ils sont fous! Le public, en France, est incroyable.