Football: Johan Kury et Evans Maurin, sauveurs inattendus d’Yverdon

Avant dimanche, Johan Kury et Evans Maurin n’avaient jamais goûté à la Super League. Pour tout dire, ils ne connaissent pas grand-chose de plus du football professionnel. Le premier n’a à son actif que sept bouts matches de Challenge League (et un but, contre Neuchâtel Xamax en mars dernier), contre cinq pour le second. Depuis la 85e minute du match contre Young Boys dimanche à Neuchâtel, ils ont à leur pedigree respectivement une passe décisive et un but dans l’élite du football helvétique.

Les héros du jour, ce sont en effet ces deux jeunes sans expérience ou presque. Kury aura 22 ans en octobre, Maurin les a eus en mars. Mais c’est en combinant leurs efforts, avec un débordement côté gauche et un centre de Kury au cordeau pour la tête de son coéquipier, qu’Yverdon a pu réaliser un excellent 2-2 contre le champion de Suisse en titre. Et donc obtenir le premier point nord-vaudois en Super League depuis 2006.

Des sauveurs inattendus. C’est le moins que l’on puisse dire. Leur parcours ne plaide d’ailleurs pas pour eux: Johan Kury est Neuchâtelois et est arrivé de La Chaux-de-Fonds il y a un an, alors qu’Evans Maurin est Français et est venu de Chiasso en février dernier. Aucun des deux n’a débarqué avec beaucoup d’attentes: des joueurs de complément, auxquels Yverdon a choisi de donner du temps pour se développer. Ainsi, les deux ont souvent évolué avec la réserve nord-vaudoise la saison passée, lorsqu’elle évoluait en 2e ligue interrégionale et qui a été promue en 1re ligue.

«Ce ne sont peut-être pas des jeunes cracks, comme on les appelle désormais dans le football moderne, mais ce sont des gamins qui mettent beaucoup de cœur dans leur travail, a salué leur capitaine William Le Pogam à la fin de la rencontre dimanche. Ils sont récompensés par ce but.» C’est aussi la politique du club yverdonnois qui est à relever: sa deuxième équipe y est valorisée et nombreux sont les jeunes venus d’ici et là à y être passé ces derniers mois. La passerelle, jusqu’ici, fonctionne bien: Breston Malula, Nehemie Lusuena ou encore Jesse Hautier (prêté à Xamax pour cette saison et buteur contre Nyon vendredi) y ont régulièrement mis les pieds.

Reste que cette réalisation est d’autant plus surprenante que pour son baptême dans l’élite, Johan Kury n’a pas été mis dans les meilleures dispositions. Suite à la blessure (légère, selon Schällibaum) de Malula, l’entraîneur yverdonnois a été contraint de s’adapter: il a ainsi placé William Le Pogam dans l’axe et Kury, ailier de formation, sur le côté gauche de la défense. Risqué? Peut-être, mais son instinct offensif a payé.