Enquête - Un rapport ambitieux pour sauver l’avenir du football

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EnquêteUn rapport ambitieux pour sauver l’avenir du football

Pour la prospérité du ballon rond anglais, mise à mal par la pandémie et le projet de Super League, une députée a piloté un rapport incluant l’avis des fans et des associations.

Thibaud Oberli
par
Thibaud Oberli
Le club de Brentford a un coup d’avance dans l’inclusion des fans dans les décisions du club à travers le «Brentford Supporter Trust» mis en place en 2001.

Le club de Brentford a un coup d’avance dans l’inclusion des fans dans les décisions du club à travers le «Brentford Supporter Trust» mis en place en 2001.

NurPhoto via AFP

Le sport du peuple est en péril, mais ceux qui l’apprécient ne le laisseront pas tomber. Ce constat a été tiré outre-Manche après passablement de turbulence dans le ciel du football anglais. Un premier choc avait secoué le monde du ballon rond britannique lors de la saison 2018-2019: la disparition du monument le FC Bury, fondé en 1885 et qui a «vu passer plusieurs guerres et 26 premiers ministres».

«Les clubs de football devraient être classés au patrimoine comme un héritage»

un contributeur à l’enquête en ligne auprès des fans.

Entre-temps, le Covid est aussi venu donner un coup de pied dans la fourmilière, faisant vaciller les finances des clubs et mettant en exergue leur fragilité. La dernière menace en date s’est quant à elle matérialisée au printemps, à travers le projet de Super League européenne, qui comptait six représentants anglais.

Face à ces éléments, la classe politique anglaise a décidé de réagir, lançant une enquête en avril. Son but, «explorer les moyens d’améliorer la gouvernance, la propriété et la durabilité financière des clubs anglais en s’appuyant sur les points forts de la pyramide du football». Ces états généraux du football ont aussi impliqué bon nombre de fans, de clubs et d’associations et ont été menés par l’ancienne ministre des Sports, maintenant députée Tracey Crouch.

Un nouvel organe de régulation

Après les constats, les pistes explorées ont été publiées dans un rapport le 22 novembre. La première recommandation porte sur la création d’un organe de régulation indépendant (IREF). Celui-ci est envisagé comme différent de ce qui existe actuellement dans le sport. D’abord, il serait institué par le Gouvernement.

À travers lui serait mis en place un système de licence, encadré par un Code de gouvernance auquel les clubs devront souscrire. Cette entité serait aussi en charge de vérifier les finances des clubs et laisserait toujours la plupart des prérogatives de régulation aux fédérations existantes.

Un casting plus exigeant pour les dirigeants

La seconde proposition concerne les propriétaires et les dirigeants des clubs. Si les ligues et la fédération menaient déjà des tests avant de confirmer la venue de nouveaux acteurs, le rapport propose de transférer cette compétence à l’organe de régulation mentionné tout à l’heure, l’IREF. L’idée est de vérifier la compétence des candidats, mais aussi la durabilité du projet et l’intégrité de celui qui le porte sur des critères plus stricts que ceux qui existent actuellement. Ce monitoring se tiendrait tous les 3 ans.

Intégrer les fans aux décisions

Si le football a autant d’importance, c’est grâce l’engouement qu’il provoque. Ainsi, ceux ont participé à cette action ont eu à cœur de leur accorder un rôle dans leur projet. Ils proposent la création d’un «Shadow Board» (en français: Conseil de l’ombre), composé de représentants des supporters élus, et auraient leur mot à dire à travers un «Golden Share» (en français: action dorée) pour les affaires importantes concernant les domaines ne relevant pas de l’aspect sportif.

La constitution de ce conseil est pensée comme un prérequis à l’obtention d’une licence. L’idée derrière cette mesure est de donner du poids aux fans, comme partie intégrante des clubs. Ainsi, si une équipe avait comme projet de rejoindre la Super League européenne, il devrait d’abord en obtenir l’aval. Un mécanisme du genre existe actuellement dans le club de Premier League qu’est Brentford.

uFaire profiter de la richesse

Le haut de la pyramide, la Premier League, est la ligue qui brasse le plus d’argent au monde. Le rapport envisage la mise une taxe sur les transferts pour cette division. Une taxe de 10% sur les 5 dernières saisons, aurait permis de dégager 160 millions de livres sterling, selon une estimation. Les auteurs envisagent ce coût comme «modeste» pour les mastodontes de Premier League mais comme crucial pour les divisions inférieures, le football féminin et junior.

Dans cette idée, un effort est demandé dans l’inclusion dans le football. Ainsi les clubs seraient appelés à élaborer un plan au sujet de l’égalité, l’inclusion et la diversité de manière à tendre vers un traitement équivalent des disciplines féminines et masculines. Finalement, l’avant et l’après carrière des joueurs doivent aussi être davantage encadrés, selon les auteurs.

La Premier League prudente, la politique adhère

Même si elle avait des représentants dans le processus, la Premier League est restée frileuse sur ces recommandations. Elle reconnaît «l’importance de restaurer la confiance dans la gouvernance du football». Elle indique aussi avoir entendu «l’appel à une certaine forme de réglementation». Mais elle indique encore qu’«il est important pour tout le monde qu’aucune réforme n’endommage notre jeu, son équilibre concurrentiel ou les niveaux d’investissement actuels».

Si toutes les propositions restent pour le moment des recommandations, elles ont reçu un large soutien au sein du monde politique britannique. Juste après la publication du rapport, il a été relayé par Nadine Dorries, secrétaire d’État du département du Sport britannique qui y annonçait son soutien.

Tracey Crouch, qui a porté ce travail, aspire à ce qu’il soit utilisé dans le discours de la reine qui marque le début de la session parlementaire en mai. Avec l’espoir qu’il puisse être mis en place à partir de la saison 2023-2024.

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