Européens multisports«Mujinga arrive à Munich en pleine possession de ses moyens»
Mujinga Kambundji lance ses Championnats d’Europe d’athlétisme ce mardi soir avec les demi-finales (20h35) puis, normalement, la finale (22h25) du 100 m. Son entraîneur Florian Clivaz livre les toutes dernières nouvelles.
Florian Clivaz, à quelques heures de son entrée en lice aux Championnats d’Europe, comment se porte votre protégée Mujinga Kambundji?
Elle va bien. On a bien pu capitaliser sur le temps à disposition entre Eugene et Munich. On a pu se rendre compte que la forme était toujours bien présente il y a une semaine lors du meeting en Hongrie et qu’on n’avait pas de soucis à se faire. On a décidé de planifier peu d’entraînement, en privilégiant le côté qualitatif et en capitalisant sur le repos. Mujinga arrive donc à Munich en pleine possession de ses moyens. On se réjouit de voir ce que ça peut donner.
A-t-elle déjà pu s’imprégner du stade olympique et de son atmosphère?
Non, pas encore. On est arrivés samedi. La journée de dimanche était placée sous le signe du repos. Celle de lundi était consacrée à un échauffement, ce qui lui a permis de se dégourdir les jambes et de se remettre dans le bain. Pour l’heure, elle a simplement vu le stade de l’extérieur, mais elle le connaît déjà, car on l’avait visité en 2019 en marge d’un événement avec des sponsors.
Mujinga Kambundji devra rapidement trouver ses marques puisqu’elle a été dispensée de séries sur 100 m. N’est-ce pas là un cadeau empoisonné?
On est effectivement moyennement fans de ce système. Ce que Mujinga a toujours trouvé super dans les championnats, c’est que tout le monde commence au même stade de la compétition. Ici à Munich, les douze meilleurs athlètes sont favorisés en étant dispensés de séries. Mais est-ce vraiment un avantage sur 100 m? Mujinga a toujours considéré les séries comme un bon moyen de se mettre dans le bain, d’avoir une course un peu plus contrôlée. Les séries permettent généralement de se rassurer, de voir que tout est bien en place techniquement. Elles permettent ensuite de lâcher les chevaux en demi-finale. En entrant directement en demi-finale, Mujinga n’aura pas cette possibilité d’entrer en douceur. Elle devra être au point d’entrée afin de ne pas se compliquer la vie en vue de la finale. Je trouve donc que ces exemptions sont à double tranchant sur des disciplines comme le 100 m.
Avez-vous travaillé quelque chose de spécifique pour éviter ce «piège»?
Il n’y a rien de spécial à faire. La marge d’erreur sera moins grande en demi-finales. Il faudra réussir une course qualitativement bonne et propre pour se qualifier pour la finale. Ça ne devrait pas être trop un problème ce mardi soir. Le but est que la demi-finale soit une base solide en vue de l’éventuelle finale.
Si elle y accède, Mujinga Kambundji fera figure de favorite, non?
Pour moi, Dina Asher-Smith est légèrement en dessus du lot. Devant son public, Gina Lückenkemper n’est pas à sous-estimer non plus. De son côté, Daryll Neita vient de courir en 10’’91 lors de la Diamond League de Monaco. Avec Mujinga, il y a donc un groupe de quatre athlètes qui se détache. Mais personne n’est largement en dessus, comme Usain Bolt l’était en son temps. Je ne peux donc pas dire qui va l’emporter, mais j’espère que ça va tourner en direction de la Suisse.
Ce qui constituerait son premier titre continental. Est-ce l’objectif?
C’est clair, quand on voit son niveau actuel, que Mujinga est largement prétendante aux médailles. Elle a déjà remporté deux médailles de bronze à des Européens, sur 100 m à Amsterdam en 2016 et sur 60 m en salle à Belgrade l’année suivante. Le but pour Mujinga est donc d’avoir un peu plus de médailles continentales à son palmarès au moment de quitter Munich.