Hockey sur glace – L’automne de Devos en sept dates clés

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Hockey sur glaceL’automne de Devos en sept dates clés

Depuis mardi et pour la première fois de la saison, le chandail de Top Scorer ajoulot est la possession du Québécois de 31 ans Philip-Michaël Devos.

Julien Boegli
par
Julien Boegli
Philip-Michael Devos: «On peut nous reprocher notre manque de concentration, mais pas un manque de volonté.»

Philip-Michael Devos: «On peut nous reprocher notre manque de concentration, mais pas un manque de volonté.»

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On ne va pas se le cacher, ses débuts sur la grande scène n’ont pas été fracassants. Redoutable artificier en Swiss League, qui valait entre 1,5 et 2 points par match durant les six saisons passées jusque-là en Ajoie, Philip-Michaël Devos a attendu la 7e journée de championnat, soit le 25 septembre à Porrentruy face à GE Servette, pour inscrire sa première réussite de la saison.

Dès la reprise, les regards étaient portés sur lui et son compère Jonathan Hazen. Souvenons-nous du feuilleton « Kloten » en finale des play-off ce printemps, de cette folle envie manifestée par les deux hommes de vouloir prouver ce qu’ils valent dans la grande ligue. Souvenons-nous aussi de cette interview livrée par Devos devant les caméras de MySports, qui avait ému la nation entière le 28 avril, quelques instants après la promotion.

Le premier tiers de l’exercice désormais atteint, le HC Ajoie se retrouve là où beaucoup l’attendaient, en toute fin de peloton. Devos, lui, a repris le maillot et le casque de Top Scorer à Thibault Frossard. Signe que l’attachant Québécois va mieux. Lui, sans doute plus que quiconque dans le vestiaire bruntrutain, a vécu deux derniers mois éprouvants, physiquement comme mentalement.

Car en plus de devoir s’adapter à un nouvel univers de jeu, l’attaquant de centre a collectionné les pépins et les contrariétés. C’est que le sort s’acharne sur le brigade étrangère du néo-promu. Sur Guillaume Asselin, sur Jérôme Leduc, sur Jonathan Hazen. Leur séjour en National League, les trois Québécois le passent pour l’heure davantage à l’écart de la glace à soigner leur organisme meurtri qu’à patiner. « PMD » n’est pas épargné, avec cette blessure à la cheville qui l’empêche de vivre son aventure normalement. Mais il est toujours là, malgré tout. Il n’a d’ailleurs toujours pas manqué une seule rencontre officielle pour le HCA depuis son arrivée en Suisse.

Phil the « Warrior » évoque son début de saison en sept séquences avant une chaude fin de semaine, qui verra le HCA affronter Zoug ce vendredi soir à Porrentruy, avant d’aller défier GE Servette 24h plus tard.

Fin septembre, ce bête accident

Une maladresse, toute bête, survenue en dehors de la glace. La cheville se tord. «Quand c’est arrivé, je pensais que la douleur s’en irait après trois heures», confie-t-il. Un mois et demi plus tard, elle est toujours présente, un peu moins violente, mais toujours là quand même. Chausser ses patins et serrer les lacets étaient alors un véritable calvaire. Aujourd’hui, sa malléole demeure très enflée. «J’ai de moins en moins mal, j’entrevois le bout du tunnel.» Une intervention sera-t-elle nécessaire? «Elle n’est pas obligatoire dans l’immédiat. C’est délicat, car cela concerne les deux cotés du pied. Les médecins m’ont dit qu’avec une opération, c’est trois mois de convalescence. Il faudra voir en fin de saison, que j’en discute avec mes proches, mon agent, le staff de l’équipe. Mais pas avant le terme du championnat, c’est certain.»

Le 28 septembre, le soir où il a perdu sa « moitié »

Devos/Hazen: le duo le plus craint de Swiss League n’est plus désormais. Depuis cette triste soirée à Rapperswil (défaite 3-2). A la 52e minute du match, le genou de Jonathan Hazen lâche après une charge anodine de Roman Cervenka à la bande. Ajoie perd alors son meilleur atout offensif du moment pour quatre mois minimum, Devos son indispensable ailier. «Cela a été un gros coup sur la tête pour tout le monde, concède la moitié active de la paire à succès. Depuis notre arrivée en Suisse, on a été relativement épargnés, on n’a pas à se plaindre. Le jeu est plus physique à présent, on s’y attendait, on ne peut pas dire que l’on n’était pas préparés à cela. Là, on est vraiment malchanceux.»

Jusqu’à présent, Ajoie n’a disputé qu’un match entier avec un quatuor d’étrangers, c’était en ouverture de saison contre Bienne. Avec le prêt en licence B de l’attaquant François Beauchemin (Ticino Rockets), il en alignera quatre ce vendredi contre le champion en titre.

Le 15 octobre, le soir où il découvre Maxime Fortier

A l’Ilfis de Langnau, Ajoie se prend une raclée monumentale (9-3). Débarqué quelques heures auparavant de Montréal, Maxime Fortier marque deux fois et laisse déjà entrevoir un potentiel intéressant. «C’est un gros travailleur qui ne ménage pas ses efforts, dit de lui Devos. Depuis deux matches, on sent qu’il commence à retrouver ses mains et le sens du jeu. Il est arrivé chez nous avec seulement deux camps d’entraînement dans les jambes. Sa présence nous fait beaucoup de bien, on en avait besoin. Il est constant dans l’effort et apporte de l’intensité. Cela en fait un joueur précieux.»

D’ailleurs depuis qu’il est aligné aux côtés de son compatriote, le joueur de Sorel-Tracy a vu sa production offensive considérablement augmenter et passer à plus d’un point par rencontre (1,14), avec 3 réussites et 5 mentions d’assistance en 7 matches. C’est près du double d’avant l’engagement du Montréalais (2 buts et 6 assistes en 12 matches). Fortier affiche 16,67% d’efficacité dans ses tirs, Devos 11,63% (17,2% l’an dernier en Swiss League).

Le 26 octobre, le soir où Ajoie touche le fond

A la Resega, les Jurassiens, bien trop naïfs, s’inclinent 4-1 face à un Lugano pourtant pas au mieux. La réduction du score de Devos en fin de partie, son 4e filet de l’exercice, est anecdotique. C’est le septième revers de suite pour le néo-promu. Les têtes sont basses. «On peut nous reprocher notre manque de concentration mais pas un manque de volonté. Chacun fait du mieux qu’il peut, mais ce n’est pas facile. Je pense à Mathias Joggi, qui a un cœur énorme et se retrouve à devoir évoluer en défense après trois saisons de Swiss League en attaque. La perte de «Johnny», les absences de nos autres renforts, tout cela mis bout à bout fait que l’on a vécu une première partie de saison compliquée. En bout de ligne, si on regarde les points, on tient grosso modo les prévisions.»

Le 2 novembre, le soir où il retrouve le maillot de Top Scorer

Une défaite contre Berne (2-5) pour des Ajoulots globalement pas à leurs affaires. Mais «PMD» a retrouvé son casque doré, propriété de Frossard jusque-là. «Cela ne veut pas dire grand-chose pour moi. Je sais que je devrai être un peu plus vigilant, car on me verra davantage sur la glace. Mais moi, ce maillot et ce casque, je ne les vois pas, cela ne change donc rien à ma manière de jouer.»

Philip-Michael Devos (à g.) l’engagement face au Bernois Kaspars Daugavins, avec le casque doré de Top Scorer de son équipe.

Philip-Michael Devos (à g.) l’engagement face au Bernois Kaspars Daugavins, avec le casque doré de Top Scorer de son équipe.

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Le 6 novembre, le soir où il découvrira les Vernets

«L’autre jour, en visionnant le derby entre Genève et Lausanne avec Alain (Birbaum), on s’amusait à compter le nombre de parties de NHL que chaque équipe comptait dans son effectif. On est arrivé à plus de 3000 pour les Genevois et quelque chose comme 1000 pour les Vaudois. Ça fait beaucoup de leadership, d’expérience des deux côtés. Nous, on ne les a pas. Il faut les emmagasiner et cela passe par le travail. Raison pour laquelle notre position actuelle n’est à mon sens pas catastrophique.»

Le 7 novembre, le début de la pause dévolue à l’équipe nationale

«Mentalement, cette pause fera du bien à tout le monde. Physiquement, plus à moi qu’à d’autres. Il va falloir que je prenne soin de mon corps, que je sois intelligent dans la gestion de cette coupure.» Le Québécois continuera ses séances de cryothérapie pour soigner sa cheville. «C’est de la cryothérapie locale. Je m’y astreins autant que possible, deux fois par semaine au moins. C’est à 40 minutes de route de mon domicile, soit près de 1h20 pour deux minutes de traitement, mais cela en vaut la peine.»

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