Contre la déforestationLe chocolat suisse risque de se retrouver bientôt chocolat
L’Union européenne a décidé de se montrer plus stricte sur la traçabilité du cacao pour lutter contre la déforestation. La Suisse devra s’adapter si elle veut continuer d’exporter chez ses voisins.
- par
- Eric Felley
L’Union européenne a décidé au mois de juin d’interdire l’importation de denrée liée à la déforestation. L’industrie chocolatière helvétique est concernée et va devoir s’y adapter si elle veut continuer à vendre ses produits à ses voisins, comme le révèle un sujet diffusé mardi par le «19 h 30» de la RTS. Et ce n’est pas rien. La Suisse produit 200 000 tonnes de chocolat par année. Un quart est consommé dans le pays et les trois-quarts restants sont exportés. Plus de la moitié de ces exportations (55%) prend le chemin des pays de l’Union européenne (UE)
«On ne peut pas accepter»
À partir du 30 décembre 2024, il faudra attester que le produit proposé ne contient pas de cacao issu d’une culture basée sur un défrichement ou des dommages à la forêt. Interrogé par la RTS, Thomas Juch, porte-parole de la faîtière Chocosuisse, y voit clairement une menace pour la production helvétique: «Si on ne peut plus exporter dans l’UE, on va avoir des problèmes assez massifs pour ce patrimoine de l’identité suisse. C’est tout simplement quelque chose qu’on ne peut pas accepter».
Côte d’Ivoire et le Ghana
Les milieux de l’environnement défendent cette nouvelle réglementation. L’expert en matière première du WWF, Romain Deveze, précise que la culture du cacao a provoqué la disparition de 90% des forêts en Côte d’Ivoire et 60% au Ghana. Notons que ces deux pays produisent à eux seuls près de 70% du cacao mondial, dont plus de 60% sont destinés à l’Europe. Les problèmes liés à la pauvreté, au travail des enfants et à l’environnement y sont combattus depuis des années avec plus ou moins de succès.
Pour pouvoir exporter son chocolat dans l’UE, la Suisse devra donc adopter une réglementation compatible et respectueuse des forêts dans les pays producteurs. Sollicité par la RTS, le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) a donné une réponse qui manque un peu de saveur: «L’Administration fédérale évalue les conséquences de cette réglementation, aussi bien sur la déforestation globale que sur la charge administrative pour les entreprises suisses».
Entre les lignes, on devine le peu d’enthousiasme de ladite administration face à cette situation nouvelle de la traçabilité du cacao. Il reste dix-huit mois à la Suisse pour trouver une parade et ne pas se retrouver chocolat.