BirmanieLes troupes de la junte incendient des centaines de maisons
L'armée birmane a récemment mené des raids dans plusieurs villages, incendiant des centaines de maisons, dans un contexte de répression sanglante par la junte après son coup d'État.
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Au moins 105 bâtiments ont été détruits par les troupes militaires de la junte dans la région de Saigang, selon les médias locaux.
AFPDes centaines de maisons ont récemment été incendiées par les troupes de sécurité dans le nord-ouest de la Birmanie, ont rapporté des témoins à l’AFP, confirmant des informations de médias locaux. L’armée a notamment mené des raids le 31 janvier dans plusieurs villages de la région de Sagaing, un des bastions de la résistance contre la junte, d’après ces sources.
Des images obtenues par l’AFP montraient des restes de dizaines de maisons calcinées. Dans le village de Bin, les forces de sécurité «ont tiré des coups d’artillerie et des coups de feu», puis elles ont incendié environ 200 maisons, a raconté une habitante sous couvert d’anonymat. «Nous n’avons rien pu emporter avec nous. Nous n’avons pris que quelques vêtements chauds, puis nous nous sommes enfuis.»
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Cette photo prise le 3 février 2022 et publiée le 5 février montre les destructions dans la région de Sagaing.
AFPDans le village voisin d’Inn Ma Hte, l’armée a brûlé quelque 600 maisons après que des partisans du régime ont été attaqués par des résistants anti-junte, d’après un combattant rebelle sous couvert d’anonymat. Les médias locaux ont également rapporté que des centaines de maisons avaient été détruites dans les deux villages.
Violences après le coup d'État
Jeudi, la télévision d’État a diffusé un reportage accusant les opposants au régime, qualifiés de «terroristes», d’avoir allumé les incendies. La Birmanie a plongé dans la violence depuis le coup d’État qui a renversé Aung San Suu Kyi il y a un an et des centaines de milliers de personnes ont été déplacées. Des milices citoyennes secondées par des factions ethniques rebelles ont pris les armes contre le régime.
Répression sanglante
Les généraux mènent une répression sanglante à l’encontre de leurs opposants, avec plus de 1500 civils tués et près de 9000 actuellement en détention, selon un groupe de surveillance local. Des enquêteurs de l’ONU mettent en avant de potentiels «crimes de guerre et crimes contre l’humanité», citant «des allégations crédibles» de tortures, violences sexuelles et exécutions extrajudiciaires.
Washington condamne
La région de Sagaing est devenue ces dernières semaines le théâtre de violents affrontements entre les militaires et leurs opposants. En décembre, les États-Unis ont condamné le massacre dans cette région de 11 villageois, abattus avant d’être brûlés par les forces de sécurité, indiquant disposer d'«informations crédibles» sur ces exactions.
Mercredi, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une déclaration unanime appelant à «un arrêt immédiat de toutes les formes de violence» en Birmanie. Washington, Londres et Ottawa ont annoncé de nouvelles sanctions ciblées à l’encontre du régime.