Boncourt (Ju)La fermeture de l’usine BAT inquiète le Canton
Le cigarettier BAT a refusé les propositions formulées par un groupe de 36 employés désireux de pérenniser le site de Boncourt. Le gouvernement demande des compensations.
- par
- Vincent Donzé
Selon les syndicats, la balle était dans le camp de la direction du groupe britannique British American Tobacco (BAT), une délégation de 36 employés ayant formulé des propositions pour pérenniser le site industriel de Boncourt. Las! Les représentants du personnel ont appris ce matin l’échec des négociations: les employés n’ont pas pu sauver l’ancienne fabrique Burrus.
Des licenciements collectifs concernant 220 employés sont à prévoir dans le cadre de la fermeture annoncée de l’usine par le cigarettier. Ce qui reste sur la table des négociations, c’est le versement de dix mois de salaire aux employés engagés depuis dix ans, sur la base d’une moyenne.
Lors d’un point presse en fin de journée mercredi, le gouvernement jurassien s’est dit préoccupé par cette annonce, et indique qu’il suivra de près l’application du plan social promis. Mais le Canton évoque aussi des inquiétudes quant aux intérêts économiques et fiscaux de la région et à l’avenir du bâtiment. «BAT ne peut assurément pas se désengager sans assurer des compensations à la hauteur des dommages engendrés pour le personnel, pour les entreprises régionales et pour les collectivités publiques», a asséné le Conseil d’Etat dans un communiqué de presse.
Obligation légale
Écouter le personnel, c’était une obligation légale pour la direction. Mais au final, il ne reste rien ou presque des propositions formulées après l’annonce le 27 octobre dernier du transfert de la production.
La délégation de consultation est composée de la commission du personnel, épaulée par les syndicats Unia et Syna. Pendant trois semaines, 36 personnes ont travaillé presque quotidiennement pour élaborer des pistes comportant deux priorités. Les propositions rejetées visaient à maintenir l’existence de l’usine et à préserver la totalité des emplois, moyennant des réorganisations ou une réindustrialisation.
Une prolongation du délai de consultation a permis de finaliser le rapport dans les délais impartis, mais sans résultat significatif, quand bien même la direction locale de l’entreprise BAT et des représentants de la direction européenne, basée à Londres, ont assisté à la présentation du rapport: les alternatives proposées ont été balayées.
Un plan social «sensiblement amélioré»
Dans un communiqué mercredi après-midi, les syndicats Unia et Syna ont exprimé leur solidarité avec le personnel du site de Boncourt. «La commission du personnel et les syndicats ont travaillé pour limiter les conséquences des licenciements. Après 16 rounds d’âpres négociations avec la direction, les parties signataires du plan social sont parvenues au maximum des améliorations consenties par le groupe BAT» précisent les syndicats. Avant de nuancer: «bien que le plan social négocié ait été sensiblement amélioré, l’issue est très décevante pour les 226 salariés qui perdront leur emploi à la fermeture de l’usine.»
Au-delà de ces pourparlers, toute une région s’est mobilisée pour sauver le cigarettier présent dans une commune frontalière de 1200 habitants. Le Parlement jurassien a voté une résolution exhortant le gouvernement à agir. Trois ministres feront le point aujourd’hui après 18 heures.
La commune a reporté l’examen du budget 2023: un départ du plus important des contribuables aura d’énormes conséquences sur les finances, même si elles reposent sur des fondations «saines et solides». Depuis 1814, le développement du village est lié à l’évolution de l’usine Burrus devenue BAT en 1999, après un passage aux mains du groupe Rothmans International.