FootballXamax et son coach peuvent-ils se relever ensemble?
Neuchâtel s’est inventé un début de crise tout seul, il a maintenant les deux pieds dedans. La réalité comptable dit quatre matches zéro point, le contenu est bien moins sévère. Andrea Binotto traverse une vraie zone de turbulences.
- par
- Florian Vaney
C’était court, mais d’une clarté absolue. Les faits ont été rappelés à Andrea Binotto quelques minutes après la défaite 3-2 contre Yverdon. L’avantage que son équipe avait pris, l’erreur défensive qui a coûté le 2-2, le penalty sévère mais pas injuste qui s’en est suivi, le raté d’Ange Dakouri face au but vide à la 89e pour un 3-3 qui n’existera jamais. En somme, cette poisse qui colle aux basques neuchâteloises, pas aidée par quelques grossières erreurs individuelles, qui ont mené à une quatrième défaite de rang. «Vous avez tout résumé. Et à la fin, le con qui va payer, c’est moi.»
Réalisme ou fatalisme, l’avenir le dira. Mais si ces mots ont jailli de la bouche de l’entraîneur neuchâtelois, c’est que le contexte dans lequel baigne actuellement Xamax n’est pas bon. Les Rouge et Noir ont entamé le derby vendredi sous une banderole «Comme vous, encore en vacances» de leurs supporters, assortie de plusieurs palmiers en plastique. C’est de bonne guerre, même plutôt amusant et bien trouvé. Le fait d’être descendu sur le terrain après la partie pour aboyer sur des joueurs visiblement affectés par la situation, par contre, fait penser à un malaise plus profond.
La réaction des fans n’est-elle le témoin que des mauvais résultats de leurs protégés? Elle l’est, assurément, sachant que les altercations d’après-match n’auraient jamais existé dans un monde où Xamax n’était pas coincé à la dernière place après quatre journées. Mais on peut aussi y lire l’écho d’un club qui ne respire pas la sérénité. Disons plutôt: d’un club qui n’a pas voulu de la sérénité et qui doit, maintenant, avancer face aux vents contraires qu’il a lui-même engendrés. À tous les niveaux.
Les regards se tournent d’abord vers Jean-François Collet. Le président de NE Xamax a un club à faire tourner, le meilleur moteur est évidemment de gagner sur le terrain. L’équipe ne gagne pas, alors le boss ne peut être satisfait. Logique. Une fois ceci dit, il y a lieu de s’interroger sur ses déclarations. Évoquer un «match commando» après seulement deux défaites, parler de début de championnat «catastrophique» au troisième revers, ce sont des mots forts. Des mots qui génèrent de l’insécurité et qui font apparaître Xamax comme une équipe larguée. Ce qui n’est pas le cas, on y reviendra.
Dans la mesure où le propriétaire du club a globalement apprécié le dernier exercice de son équipe, que Neuchâtel a vécu un été bien moins agité que certains précédents et que sa relation avec son coach semblait bonne, on peut s’étonner que «Jeff» Collet tire à ce point la sonnette d’alarme. Ou alors, il faut lire sa réaction à travers les remarques qui sont susceptibles de lui remonter aux oreilles.
Les Vaudois de Neuchâtel
Il y en a vraisemblablement pour tous les goûts. Dont, forcément, certaines hostiles envers Andrea Binotto. Lui le Vaudois qui fait peut-être ressortir un mal-être plus identitaire. Xamax est un club neuchâtelois dirigé en bonne partie par des Vaudois, de la direction au staff. On ne change pas un président comme ça. Un entraîneur, par contre… Il convient encore de rappeler que le technicien aurait sans doute pu aller voir ailleurs cet été. Preuve aussi des bonnes ondes qui régnaient alors au club et d’un travail à poursuivre, il est resté fidèle aux Rouge et Noir.
Apparaît donc la question centrale: Xamax et Andrea Binotto peuvent-ils se relever ensemble? Pour ce qui est du terrain, probablement. Même si un problème risque d’apparaître de manière croissante: les signes de stress, déjà aperçus vendredi contre Yverdon, ne vont pas aller en s’améliorant. Jusqu’à la première victoire au moins. Ce stress, c’est aussi le rôle du coach de le canaliser. Malgré ça, les pensionnaires de la Maladière étaient vraiment proches d’obtenir ce premier succès dans le derby, tout comme ils auraient pu le décrocher lors de leurs trois premières sorties. Celle contre Wil (2-0) était indigeste? C’est vrai. Les autres ont fait état d’un Xamax à niveau, tantôt séduisant, tantôt fragile.
Le point après la venue du LS
Sauf qu’à niveau ne veut pas dire au-dessus du lot. C’est aussi un fardeau lourd à porter lorsqu’on représente NE Xamax à l’heure actuelle: le club n’appartient plus, financièrement et sportivement, à l’élite du football national. Mais il génère des attentes disproportionnées par rapport à ses moyens. Sa place «naturelle» n’est certainement pas cet indigne 10e rang de Challenge League, mais elle n’est pas tout à fait non plus celle d’une équipe de Super League.
Ce que dit le terrain, c’est que Neuchâtel a regardé Aarau, Schaffhouse et Yverdon dans les yeux. Mais que ses erreurs individuelles et certains événements malheureux lui ont à chaque fois fait terminer la partie dans la peau du loser. Autrement dit: Xamax sait se créer des temps forts, moins gérer ses temps faibles. Un problème qui incombe aux joueurs comme au coach, mais rien qui ne semble irrécupérable. Hormis les dangers qu’ils veulent bien s’inventer, les Neuchâtelois sont loin d’être en détresse.
Vendredi matin dans les colonnes d’Arcinfo, Jean-François Collet expliquait qu’un point serait fait, peu importent les résultats, après le match de vendredi prochain face au Lausanne-Sport. Pas évident comme duel pour ramener la sérénité.