Football: A Servette, René Weiler a-t-il encore la confiance de son groupe?

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FootballÀ Servette, René Weiler a-t-il encore la confiance de son groupe?

Les Grenat n’ont pris que 6 points en 7 matches, avant de recevoir Winterthour ce mercredi (20h30) et Lausanne samedi. Les joueurs peinent à appliquer le message de leur entraîneur.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
Ici en train de parler à David Douline et Jérémy Guillemenot, René Weiler est persuadé que la plupart des joueurs croient encore lui. Mais peut-être pas tous.

Ici en train de parler à David Douline et Jérémy Guillemenot, René Weiler est persuadé que la plupart des joueurs croient encore lui. Mais peut-être pas tous.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

La saison de Servette n’est pas encore à un tournant décisif, mais il serait bon que le club grenat négocie au mieux celui qui vient cette semaine. En recevant Winterthour ce mercredi (20h30), puis Lausanne samedi, il accueille deux adversaires contre lequel il doit faire des points. En théorie du moins, parce que les six petites unités que les Genevois ont récoltées en sept journées de Super League jusqu’ici n’incitent pas à la confiance. Mais il vaut sans doute mieux que cela arrive maintenant, avant quatre matches à l’extérieur qui s’annoncent (à Rome en Europa League, à Lugano, puis à Bâle et à Tiraspol après la trêve).

Sauf que cela sous-tend une autre question, plus tendancieuse: arrivé cet été, René Weiler a-t-il encore le soutien de son groupe? «Je pense que tu n’as pas toujours l’ensemble des joueurs derrière toi, parce qu’il y en a qui peuvent ne pas être satisfaits de leur statut, consent l’entraîneur. Même si je ne peux pas forcément l’influer, je n’ai pas le sentiment qu’ils n’adhèrent pas.»

Pour conforter le Zurichois, il y a la performance montrée lors de la défaite 2-0 à Lucerne dimanche, où il n’a manqué que les buts, tant elle était accomplie sur le plan des occasions créées. Il y a aussi les déclarations des joueurs. Sur Léman Bleu lundi, le capitaine et gardien Jérémy Frick l’a également garanti. Titulaire à Lucerne, Gaël Ondoua le confirme: «L’état d’esprit est bon, nous sommes tous solidaires. Chacun est concerné.»

Weiler cible les «égoïstes»

Cela doit au moins être le cas de ceux qui ont eux-mêmes la confiance de Weiler. Les titulaires habituels, en somme. «Dans le foot, il y a toujours beaucoup d’égoïstes, lâche l’entraîneur grenat. Ceux qui ne jouent pas ont toujours des excuses pour tenter de justifier une performance qui n’est pas suffisante. Mais moi, je ne m’occupe pas des joueurs qui ne sont pas assez forts, je m’occupe plutôt de ceux qui sont bons, qui ont envie de progresser, pas de ceux qui cherchent toujours des excuses pour occulter les raisons pour lesquelles ils ne jouent pas.»

«Moi, je ne m’occupe pas des joueurs qui ne sont pas assez forts, je m’occupe plutôt de ceux qui sont bons, qui ont envie de progresser.»

René Weiler, entraîneur de Servette

La déclaration n’est pas neutre. À qui fait-il référence? Pas de nom. Des suppositions, en fonction de ceux qui sont moins utilisés par Weiler. Boubacar Fofana, envoyé avec les M21 lors des deux derniers matches, est probablement visé. Il n’entre en tout cas pas dans les plans du technicien.

Le cas de Jérémy Guillemenot est également préoccupant: non-convoqué pour le match de Coupe de Suisse à Bulle il y a dix jours, le Genevois est entré à l’heure de jeu contre le Slavia Prague, puis à la 88e minute à Lucerne. Avant ça, ses performances n’ont jamais été au rendez-vous: l’attaquant (qui a souvent joué sur l’aile droite) n’a marqué qu’un but jusqu’ici, en Coupe contre Meyrin.

Considérer qu’il ne convainc pour l’instant pas Weiler est probablement un doux euphémisme. Reste qu’il a été un investissement conséquent pour le club genevois (on parle d’un montant final qui atteindra 800’000 à un million de francs), et que cela ne peut être ignoré par personne, surtout quand les résultats ne sont pas là.

La question du jeu

Ajouté à cet élément, il y a aussi le jeu qui peut être source de tensions. Plusieurs fois, des joueurs servettiens ont consenti que l’approche de Weiler suggérait un apprentissage, mais que la verticalité ne devait pas être érigée en dogme. Pour une équipe qui a passé cinq ans à éprouver la liberté que leur accordait Alain Geiger, dont trois durant lesquels Gaël Clichy s’efforçait de transmettre à ses coéquipiers des concepts importés du jeu de position qu’il avait pratiqué sous Pep Guardiola à Manchester City, cela change.

Ce n’est pas le fait de changer qui peut profondément gêner, et décourager. C’est plutôt ce qui en résulte, ou plutôt ce qui n’en résulte pas, soit l’absence de points. Le langage corporel des joueurs observé lors des deux derniers matches ne plaide pas pour la sérénité. Gageons toutefois que des victoires cette semaine pourraient clairement enclencher une nouvelle dynamique. Et renouer la confiance entre René Weiler et en tout cas une partie de son groupe.

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