ChypreCalme précaire après un incident dans la zone tampon de l’ONU
Le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné lundi les attaques des forces chypriotes-turques contre les Casques bleus, qui pourraient «constituer un crime en vertu du droit international».
Un calme précaire règne lundi dans la zone tampon sur l’île divisée de Chypre, l’ONU ayant accusé vendredi des forces chypriotes-turques de s’en être prises physiquement aux Casques bleus qui tentaient de bloquer la construction d’une route controversée.
L’incident, l’un des plus graves depuis plusieurs années, a suscité de nombreuses condamnations internationales. Il s’est produit à Pyla (Pile en turc), le seul village où vivent côte à côte des Chypriotes grecs et turcs, sur la Ligne verte surveillée par l’ONU.
La zone tampon, ou Ligne verte, divise l’île entre la République de Chypre, membre de l’Union européenne et exerçant son autorité au sud, et la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue uniquement par la Turquie, qui a envahi le tiers nord de l’île en 1974 en réponse à un coup d’État de nationalistes chypriotes-grecs souhaitant rattacher le pays à la Grèce.
L’ONU a indiqué que quatre Casques bleus avaient été blessés et que ses véhicules avaient été endommagés alors qu’ils tentaient de bloquer «des travaux de construction non autorisés» près de Pyla.
À l’issue d’une réunion à huis clos lundi, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné les attaques, qui pourraient «constituer un crime en vertu du droit international». «Cette action est contraire aux résolutions du Conseil de sécurité et constitue une violation du statu quo dans la zone tampon de l’ONU», ont insisté les quinze membres du Conseil.
«Chance» pour la diplomatie
«Tout est calme à Pyla,» a déclaré lundi matin à l’AFP Aleem Siddique, porte-parole de la Force de maintien de la paix des Nations unies à Chypre (Unficyp). «La mission se tient prête à bloquer toute reprise des travaux de construction», a-t-il indiqué, ajoutant que les Casques bleus blessés étaient sortis de l’hôpital.
Le porte-parole du gouvernement chypriote, Konstantinos Letymbiotis, a déclaré que des réunions avaient eu lieu en interne et avec des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies au sujet des tensions. Il a souligné lundi l’importance d’avoir «en ce moment, une approche très délicate et spécifique» sur le sujet.
Les autorités de la RTCN, selon lesquelles le projet vise à faciliter les mouvements de sa population, ont rejeté les allégations «infondées» de la mission de l’ONU.
Veysel Guden, le maire chypriote turc de Pyla (Pile en turc), a déclaré que la construction de la route se poursuivrait lundi dans les zones contrôlées par les Chypriotes-turcs, mais que les ouvriers n’entreraient pas dans la zone contrôlée par l’ONU. «Une chance sera donnée à la diplomatie. Les discussions vont se poursuivre», a déclaré Veysel Guden à l’AFP. Selon des médias locaux, des discussions se sont tenues lundi entre la RTCN et l’ONU. Les efforts visant à réunifier l’île divisée sont au point mort depuis l’échec du cycle de pourparlers soutenus par l’ONU en 2017, le dernier en date.