MéditerranéeLe Liban et Israël concluent un accord «historique»
Après d’intenses négociations sous l’égide des États-Unis, les deux pays se sont mis d’accord pour délimiter leur frontière maritime.
Israël a annoncé mardi avoir conclu un accord «historique» avec le Liban. Il lève des obstacles à l’exploitation de gisements gaziers en Méditerranée orientale. Les États-Unis mènent depuis deux ans une médiation entre les deux voisins, officiellement en état de guerre, pour parvenir à cette entente. Les deux pays avaient signifié début octobre leur satisfaction à un projet d’accord du médiateur américain Amos Hochstein. Mais jeudi dernier, Israël avait affirmé son refus à une série d’amendements libanais, ce qui avait douché les espoirs.
Ces derniers jours cependant, les négociations en coulisses se sont poursuivies. Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a annoncé mardi dans un communiqué un accord «historique» sur ce dossier. Il «va renforcer la sécurité d’Israël, injecter des milliards (d’euros) dans l’économie israélienne et assurer la stabilité de notre frontière nord (avec le Liban)», a-t-il ajouté. «Toutes nos demandes ont été acceptées», avait déclaré plus tôt Eyal Hulata, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre.
Netanyahu opposé à l’accord
À Beyrouth, la présidence libanaise a indiqué que la version finale de la proposition était «satisfaisante» pour le Liban. «Elle répond aux demandes du Liban et préserve son droit à ses richesses naturelles», a-t-elle ajouté, espérant que l’accord serait «annoncé au plus tôt». Cette annonce survient à 20 jours de la fin du mandat du président Michel Aoun, qui expire le 31 octobre.
En Israël, des législatives doivent se tenir le 1er novembre, qui pourraient consacrer le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahu. La semaine dernière, l’ancien Premier ministre avait fustigé ce projet, accusant Lapid de «donner» au Liban un «territoire souverain d’Israël», de «capituler» face au Hezbollah libanais. Netanyahu avait menacé de ne pas respecter l’accord en cas de retour aux affaires.
Livraisons de gaz en jeu
Selon des informations de presse et des responsables, le texte prévoit que le gisement offshore de Karish soit sous contrôle d’Israël et que les réserves de Cana, situées plus au nord-est, soient octroyées au Liban. Mais comme une partie de ce gisement dépasse la future ligne de démarcation, l’État hébreu toucherait une part des futurs revenus de l’exploitation gazière de Cana, d’après ces sources.
Dans un contexte où l’Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, Israël mise sur le gisement de Karish, prêt à entrer en production, pour doper ses livraisons de gaz vers le Vieux-Continent. Dimanche, la société Energean, mandatée pour exploiter ce gisement, a annoncé le début de tests pour raccorder au territoire israélien sa plateforme gazière offshore, étape clé pour le début de la production.