ColombieManifestations en soutien aux réformes du président Petro
Ils étaient des milliers ce mardi à battre le pavé en Colombie pour soutenir les réformes du président de gauche Gustavo Petro.
Des milliers de Colombiens ont manifesté mardi dans les grandes villes de Colombie pour soutenir deux réformes clés voulues par le président de gauche Gustavo Petro sur la santé et les retraites. Diverses organisations, partis et syndicats de gauche ont répondu à l’appel du premier gouvernement de gauche de l’histoire de la Colombie qui présente cette semaine une ambitieuse batterie de réformes au Congrès, où il dispose d’une majorité grâce à une coalition avec des partis du centre et de la droite modérée.
«Celui qui a gagné (les élections), c’est le peuple et le peuple veut le changement en Colombie. Allons-y pour les changements vers un pays démocratique et pacifique», a harangué sur Twitter le président Petro, élu à l’été 2022 précisément sur ce mot d’ordre du «changement», et qui devait s’exprimer en fin d’après-midi depuis la présidence à Bogota. Avec drapeaux colombiens, instruments de musique et diverses banderoles, les manifestants se sont rassemblés à Bogota, Medellin, Cali et dans plusieurs autres grandes villes.
Le gouvernement a présenté ce mardi devant le Congrès une ambitieuse réforme du système de santé, qui vise à réduire la participation du privé dans ce système, à étendre la couverture santé aux plus pauvres et à la création d’un régime de travail spécial pour les employés du secteur. Cette réforme est loin de faire l’unanimité, et a suscité de vives tensions politiques, y compris au sein de la coalition gouvernementale. L’opposition de droite a appelé à manifester mercredi pour la contrer.
Une réforme jugée «coûteuse» pour les opposants
Après l’adoption d’une nouvelle loi sur les impôts, elle s’inscrit dans le cadre des autres réformes sociales et sociétales voulues par le président Petro (et qui seront présentées cette semaine au Congrès), sur les retraites, la refonte du système pénitentiaire, ou encore la soumission à la justice des narcotrafiquants.
«Il est nécessaire et urgent de réformer la santé en Colombie (…), les médecins n’ont pas le temps de s’occuper des patients, il est très difficile d’avoir un rendez-vous, c’est injuste», a déclaré à l’AFP Isabel Cordoba, une avocate afro-colombienne de 38 ans, qui manifestait à Bogota.
Gloria Peñuela, infirmière dans un hôpital universitaire, a souligné le «manque d’opportunités» pour les travailleurs de la santé, alors que les patients dans certaines régions «ont beaucoup de difficultés à accéder aux services de santé». Les opposants à la réforme, parmi lesquels des responsables de partis pro-Petro ou d’anciens responsables de la santé, critiquent une réforme coûteuse qui risque d’encourager la corruption et rendre la profession médicale encore plus précaire.
L’influent président du Sénat, et allié clé du Chef de l’État, le libéral Roy Barreras, a ainsi émis des réserves sur les projets concernant la santé et les trafiquants de drogue. «Ils veulent ressusciter un système de santé publique qui était un désastre, et le pire, c’est qu’ils redonnent les ressources de la santé publique aux maires et aux gouverneurs», a critiqué l’ancien ministre de la Santé Fernando Ruiz sur un média local.