Conseil nationalLa Suisse doit reprendre les sanctions contre l’Iran
Une motion intitulée «soutien à la société civile iranienne» est passée au Conseil national. Elle contraint le Conseil fédéral de reprendre les sanctions de l’UE.
- par
- Eric Felley
Lundi 27 février en ouverture de session, le Conseil national avait voté une déclaration demandant au Conseil fédéral de condamner plus fermement les violences perpétrées par le régime iranien contre des civils, notamment des femmes, depuis le décès de la jeune Masha Amini, en septembre 2022.
Ce jeudi, il a confirmé sa demande sous la forme d’une motion défendue par Nicolas Walder au nom de la Commission de politique extérieure: «La commission a souhaité tenir compte des appels de la société civile iranienne à la reprise de toutes les sanctions, a-t-il défendu. Une telle démarche est très importante, car la Suisse reste en Iran une référence en matière de droits humains. C’est pour cela aussi que les félicitations du président de la Confédération pour le 44e anniversaire du régime des mollahs ou la présence au côté de dirigeants iraniens de notre ambassadrice portant le tchador ont suscité autant de réactions négatives. Face à une telle répression, notre posture trop attentiste consistant à ne pas adopter de sanctions et maintenir des relations très étroites avec les autorités a pu être interprétée comme des soutiens au régime, y compris par les mollahs qui n’ont pas hésité d’ailleurs à l’utiliser dans leur propagande».
Pouvoir encore parler avec l’Iran
Mais, pour Yves Nidegger (UDC/GE), la Suisse ne doit par «hurler avec les loups» et préserver sa position neutre: «C’est bien dans des moments de crise qu’il importe, non pas de condamner comme tous les autres, afin d’être traité ensuite comme tous les autres, mais qu’il est nécessaire que quelqu’un soit un peu différent pour que, sur la base de cette petite différence, cette personne puisse parler là où d’autres ne peuvent plus rien dire».
«Puissance protectrice»
Au nom du Conseil fédéral, le chef des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, s’est opposé également à cette motion, estimant que la Suisse doit rester dans son «mandat de puissance protectrice» qu’elle exerce depuis 40 ans en Iran: «On peut ainsi faire valoir directement nos attentes et transmettre nos messages clairs, alors que peu d’autres pays de la planète peuvent le faire… À ce stade l’importance de ce rôle doit l’emporter sur l’éventuel impact de sanctions supplémentaires, et cela d’autant plus que la Suisse a déjà repris presque entièrement ces sanctions».
Au vote, la motion a été acceptée par 105 voix à 65. Le groupe UDC et une minorité du groupe PLR s’y sont opposés.