États-UnisLa justice valide un mélange létal pour la peine de mort
Jeudi, la Cour suprême a donné son aval pour la reprise des exécutions dans un État américain et l’usage d’un produit létal qui cause des souffrances aux condamnés à mort.
La Cour suprême des États-Unis a autorisé jeudi l’Oklahoma à renouer avec les exécutions après six ans de pause et à procéder à l’injection d’un cocktail létal, soupçonné de causer d’atroces souffrances aux condamnés. Cet État rural et conservateur du Sud devrait donc exécuter dans l’après-midi John Grant, un Afro-Américain de 60 ans condamné à la peine capitale pour le meurtre d’une employée de prison.
Il doit recevoir une combinaison de trois substances qui, après plusieurs exécutions ratées en 2014 et 2015, avait conduit l’État à déclarer un moratoire sur les exécutions. «Ce protocole s’est montré humain et efficace», ont assuré dans un communiqué les services pénitentiaires de l’Oklahoma.
Feu vert in extremis
Pour son avocat, Dale Baich, il reste toutefois «des questions sérieuses» sur les douleurs occasionnées par ce cocktail létal et sur sa conformité avec la Constitution américaine qui interdit «les peines cruelles et inhabituelles». «Un procès sur ce point précis doit débuter en février et les exécutions ne devraient pas reprendre avant», a-t-il estimé dans un communiqué.
Mercredi, une Cour d’appel lui a donné raison et a suspendu l’exécution. Mais les autorités de l’Oklahoma ont immédiatement saisi la Cour suprême des États-Unis pour lui demander de renverser cette décision. Sans expliquer ses raisons, la haute juridiction a finalement donné in extremis son feu vert à l’exécution. Ses trois juges progressistes ont toutefois précisé qu’ils n’étaient pas d’accord avec la majorité conservatrice.
Quarante-trois minutes d’agonie
Le protocole contesté combine un sédatif, le midazolam, et un anesthésiant, censés empêcher la douleur avant l’injection de chlorure de potassium à dose létale. Il avait été utilisé en 2014 pour exécuter Clayton Lockett, mais le condamné avait agonisé pendant quarante-trois minutes dans d’apparentes souffrances.
En 2015, un autre condamné, Charles Warner, s’était plaint que son «corps brûlait» avant de s’éteindre, les bourreaux ayant utilisé un produit non conforme. La même erreur avait failli être reproduite en septembre 2015 et une exécution avait été reportée in extremis.
Série documentaire
À la suite de ces ratés, un grand jury avait ouvert une enquête et les autorités avaient accepté de suspendre l’application de la peine capitale. En 2020, elles ont finalisé un nouveau protocole et ont fixé en 2021 plusieurs dates d’exécution, à commencer par celle de John Grant. En 1998, il avait tué avec un tournevis une femme qui travaillait à la cafétéria de la prison où il purgeait une peine pour un cambriolage à main armée.
L’Oklahoma prévoit aussi d’exécuter le 18 novembre Julius Jones, un Afro-Américain de 41 ans, condamné en 2002 à la peine capitale pour le meurtre d’un homme d’affaires blanc qu’il a toujours nié.
Son dossier a fait l’objet d’une série documentaire, d’un podcast et il est soutenu par de nombreuses associations et personnalités comme Kim Kardashian, convaincues de son innocence. Il a perdu tous ses recours en justice, mais le bureau des grâces de l’Oklahoma a recommandé de commuer sa peine en détention à perpétuité. Le gouverneur n’a pas encore tranché.