VaudIl risque la prison et l’internement pour avoir étranglé sa compagne
Mardi, le Parquet a requis 14 ans de détention et un internement simple pour l’homme qui a reconnu avoir ôté la vie de sa compagne au domicile conjugal, à Yverdon, en novembre 2018.
- par
- Lauren von Beust
«Tout avait été planifié et réfléchi. Francesca* n’a pas pu se défendre.» Pour le procureur Jérémie Muller, le Vaudois de 32 ans qui a reconnu avoir étranglé sa compagne à leur domicile d’Yverdon (VD) en novembre 2018 doit être reconnu coupable d’assassinat. Si les versions de Daniel*, l’accusé, ont changé au fil de l’instruction, d’après le Parquet la dernière semble être la plus probable.
En effet, l’homme aux troubles psychiatriques graves a raconté que Francesca lui aurait dit des choses insupportables à propos de ses défunts père et frère, et que parce que celle-ci ne lui avait pas présenté des excuses, il était passé à l’acte un jour et demi plus tard. Mardi, devant les juges du Tribunal criminel de la Broye et du Nord vaudois, qui ont siégé à Renens, le Ministère public a dressé le portait d’un homme impulsif, violent et réfractaire à toute forme d’autorité, y compris en prison, où il se trouve depuis quatre ans et demi.
Danger de récidive élevé
«Elle était le bouc émissaire d’un homme aux mille visages. (…) Ce jaloux maladif, tyrannique et sadique n’a jamais supporté qu’elle brille», ont renchéri Mes Anne-Louise Gilliéron et Elodie Vilardo. Les avocates de la sœur de Francesca ont rappelé que cette femme de 31 ans, mère de trois enfants, avait été victime de la spirale de violence conjugale, avant d’être victime de féminicide.
«L’accusé représente un danger important pour autrui, et ce depuis l’enfance. D’après les experts, il y a quatre chances sur cinq de récidive», a poursuivi le procureur. Ce dernier a retenu la deuxième expertise du prévenu, qui a conclu à une responsabilité moyennement diminuée de Daniel au moment des faits. Il a requis quatorze ans de prison avec un traitement ambulatoire, suivis d’un internement simple.
Le produit de son histoire
«Nous sommes le produit de notre histoire personnelle», a ensuite déclaré Me Laurent Seiler, qui défend le prévenu, dont «l’enfance a été faite de violences, rejets et abandons». Et, dans ce couple, «qui nous dit que la violence était unilatérale?» a-t-il demandé à la Cour, avant de rappeler que les deux étaient dépendants aux stupéfiants et victimes de leurs effets délétères.
L’avocat, qui a rappelé que l’accusé n’avait pas cherché à maquiller son crime et qu’il s’était livré à la police, a demandé au tribunal de retenir que la responsabilité de Daniel était fortement diminuée lorsqu’il est passé à l’acte. Il a plaidé huit ans de prison pour meurtre, ainsi qu’un traitement psychothérapeutique. Verdict jeudi prochain.
* Prénoms d’emprunt