Le prêtre Nicolas Buttet suspendu de ses fonctions

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Abus d’autoritéLe prêtre Nicolas Buttet suspendu de ses fonctions

Le Fondateur de la Fraternité Eucharistein en Valais fait l’objet d’une mesure disciplinaire, à la suite d’un audit qui a eu lieu en 2022. Il a déposé une «requête en nullité».

Eric Felley
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Eric Felley
Nicolas Buttet conteste les conclusions de l’audit effectué auprès de la Fraternité Eucharistein.

Nicolas Buttet conteste les conclusions de l’audit effectué auprès de la Fraternité Eucharistein.

Chantal Dervey/24 Heures

Privé de messe, privé de confession et d’accès à la fraternité dont il est le fondateur? C’est ce qui arrive au prêtre valaisan Nicolas Buttet, connu pour avoir fondé en 1996 la Fraternité Eucharistein. Selon «Le Matin Dimanche», qui relate le sort réservé à cette figure de l’Église catholique valaisanne, la communauté de Nicolas Buttet a fait l’objet d’un audit durant les premiers mois de 2022. La Fraternité dispose de trois maisons pour y accueillir ses membres et autres fidèles: à Épinassey en Valais et aux Château-Rima et Saint-Jeoire, en France.

Système «infantilisant»

En fait, selon le journal «La Croix», l’enquête canonique qui a visé la Fraternité Eucharistein remonterait à 2021 déjà. Le rapport que «La Croix» a pu se procurer l’année dernière «pointe divers manquements de gouvernance, de formation et de suivi de la communauté par son évêque de tutelle, Mgr Dominique Rey». Le document cité explique que «les entretiens passés avec chacun des membres de la communauté ont débouché sur un rapport qui dénonce «un système pyramidal, abusif, infantilisant et qui a annulé les personnes dans leurs diverses dimensions de leur être, en particulier leur psychologie».

«Tout faire tous ensemble»

Le site «cath.ch» évoque cette affaire dans un article publié en juin dernier dans lequel s’exprime Cyrille Jacquot l’actuel modérateur de la Fraternité: «En conduisant leur visite, les Visiteurs ont constaté notamment: un manque de place pour l’intimité de chaque membre, le concept de vie communautaire est trop fort: «Tout faire tous ensemble». Un manque d’espace physique et psychique. Un manque de subsidiarité et de formation à la responsabilité: «Les membres ont peu d’autonomie pour gérer leurs responsabilités».

Une communauté des années 1950

Les conclusions du rapport parlent aussi d’une «formation humaine et spirituelle trop pauvre». Mais c’est surtout la gouvernance qui pose problème selon les auditeurs: «Une autorité toute-puissante… qui faisait perdre une juste autonomie, peur des supérieurs et conséquente infantilisation des membres». Ou encore du même: «La vision de l’obéissance n’était pas juste et faisait plus penser à celle d’une communauté religieuse des années 1950. On peut parler d’autoritarisme.»

Des «abus spirituels»

«Le Matin Dimanche» a également donné la parole à Didier Berthod, un ancien grimpeur qui a rejoint la Fraternité Eucharistein et a été ordonné prêtre en 2018. Celui-ci a retrouvé un certain esprit critique vis-à-vis de l’Église en général, où l’on évoque aujourd’hui la problématique des «abus spirituels»: «L’abus, dit-il, est lié à sa structure même, une structure hiérarchique qui parle et gouverne au nom de Dieu».

D’après le journal dominical, Nicolas Buttet vit actuellement dans un monastère français. Il conteste les faits qui lui sont reprochés en tant que chef spirituel de la Fraternité. Selon lui, il vient, «à la demande de Rome», de déposer une requête en nullité à l’encontre des conclusions de cet audit canonique de 2022.

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