Ski alpin: Lara Gut-Behrami et le «cirque médiatique»

Publié

Ski alpinLara Gut-Behrami et le «cirque médiatique»

La skieuse de Comano a dénoncé l’importance grandissante des à-côtés de son sport. Avant les trois courses du week-end à Crans-Montana, elle revient sur sa stratégie visant à se centrer sur le ski.

Rebecca Garcia - Crans-Montana
par
Rebecca Garcia - Crans-Montana
Lara Gut-Behrami n’hésite jamais à dénoncer ce qui la dérange. Elle l’a encore fait ce mercredi en conférence de presse.

Lara Gut-Behrami n’hésite jamais à dénoncer ce qui la dérange. Elle l’a encore fait ce mercredi en conférence de presse.

Pascal Muller/freshfocus

Elle avait passé son tour lors d’un des tirages des dossards à Cortina d’Ampezzo. Elle a aussi répété à plusieurs reprises au cours de la saison que le temps dédié au ski et à la récupération était sabré par les différentes sollicitations des athlètes.

Lara Gut-Behrami a remis de l’huile sur le feu en conférence de presse mercredi. La Tessinoise, qui va au-devant de trois courses ce week-end (une descente vendredi, une autre descente samedi et un super-G dimanche), estime que l’équilibre de l’athlète est malmené. «Tu fais ta course, puis tu dis aux gens que tu n’as pas le temps et que tu veux récupérer. Tu as le temps pour dormir une heure, et tout le monde râle.»

Revers de son succès: l’athlète surdemandée risque fortement de faire des déçus, partout où elle va. Elle peut distribuer 500 autographes pendant une heure dans le froid de Cortina d’Ampezzo. Elle peut rencontrer une centaine d’enfants, mais il peut en rester deux qui la ratent. Et qui sont déçus.

Mais à vouloir trop en faire, le risque de s’épuiser augmente. «Tu savoures le fait d’être à disposition des enfants parce qu’ils sont venus voir une course. Tu comprends. Et le jour d’après, tu es super fatiguée, tu fais une course horrible. Quelle est la solution?»

Personne ne semble avoir trouvé cette solution, tant les facteurs en cause sont multiples. Mais pour Lara Gut-Behrami, il faut décider clairement ce qu’il faut faire du ski alpin. «Est-ce que le spectacle est plus important que le sport? Parce que le sport, c’est simplement la course.»

Renoncer à Instagram

Pour se focaliser sur les épreuves uniquement, la skieuse de Comano a eu une approche drastique. Elle a décidé de considérablement réduire ses apparitions médiatiques. «Je me rappelle qu’en 2016, j’étais à disposition et faisais des interviews à chaque endroit où j’allais. Je ne sais pas comment je faisais, comment je trouvais tout ce temps et toute cette énergie.»

«Je pensais que si les meilleures faisaient ça, c’était le chemin pour en faire partie»

Lara Gut-Behrami

Elle ne tient plus non plus ses réseaux sociaux. Athlète plutôt qu’influenceuse, elle admet ne pas entrer dans cette course aux followers. «Si tu veux faire la star sur Instagram, il faut tout partager.» Et donc y mettre du temps, qui ne sera de facto pas utile dans son sport. «Je gagne ma vie sur les skis et quasiment rien d’autre. Ma chance, c’est sur les pistes.» Alors elle se donne tous le temps nécessaire pour continuer à briller.

Lara Gut-Behrami a pris conscience qu’elle voulait tracer son propre chemin. Elle voit arriver sur le circuit des athlètes qui imitent ce que font les autres. Elle-même est passée par là. «Je pensais que si les meilleures faisaient ça, c’était le chemin pour en faire partie.» Puis vient la réalisation après une blessure au genou. «Je me suis rendu compte que j’étais totalement différente de la personne que je montrais sur les réseaux sociaux.» La skieuse rayonnante et brillante était finalement mal à l’aise derrière les filtres.

Ton opinion