CommentaireÉlections: jour J-4, appel à tous les abstentionnistes!
Pour les Romands minoritaires, il est temps d’aller voter pour défendre leurs droits à Berne.
- par
- Eric Felley
Tout le monde connaît ou a connu dans son entourage des personnes qui manifestent un rejet viscéral de la politique. Elles ont le sentiment que celle-ci ne peut rien pour elles ou que la politique est de toute façon corrompue par l’argent ou des intérêts cachés. D’autres, peu portés sur les débats, préfèrent se réfugier dans un autre monde, loin des conflits d’opinions. Mais cet autre monde n’est possible que si la politique existe pour le défendre. L’exercice de la démocratie est là pour ça.
Cependant, d’une élection fédérale à l’autre, plus de la moitié des Suissesses et des Suisses boudent les urnes. En 2019, le taux de participation était de 45,1%. En 2015, il était de 48,5%, le plus haut des trente dernières années. C’est en Suisse romande que l’abstentionnisme est le plus fort. Il y a quatre ans, le canton de Genève a eu le taux le plus bas de Suisse avec 38,2%. Les cantons de Vaud et Neuchâtel ne faisaient guère mieux avec 41,4% et 40,2%.
Fatalité romande
Ce relatif désintérêt des Romands pour la politique fédérale s’explique sans doute par leur éloignement de Berne. La proportion de leurs élus dans les Chambres fédérales est seulement d’un quart. La Suisse est de fait dirigée par une majorité de cantons alémaniques. Il en résulte une certaine fatalité dans la population romande quant à l’efficacité de leurs choix face à la réalité du pays. Mais c’est quand on est minoritaire qu’on doit au contraire participer davantage pour faire entendre sa voix.
Une autre cause explique ce manque d’intérêt: les élections fédérales ne présentent pas à première vue un réel enjeu. Le système politique suisse n’est pas polarisé comme aux États-Unis, en France, en Italie ou en Pologne, où les élections se jouent comme un match avec un vainqueur à gauche ou à droite, progressiste ou conservateur, socialiste ou libéral. Au bout du processus électoral helvétique, il n’y a pas un camp qui gagne contre un autre, mais un qui se renforce et un autre qui s’affaiblit. Nul changement de régime, seulement sa continuité.
Un record de candidats
Cette absence d’enjeu n’est cependant qu’apparente, sinon il n’y aurait pas autant de personnes qui voudraient aller siéger à Berne! Cette année, la Chancellerie fédérale a compté un nouveau record de 5909 candidatures sur 618 listes pour la Chambre du peuple, soit 27% de plus qu’il y a quatre ans. Il est donc important d’aller voter pour choisir les bonnes personnes, celles qui peuvent faire la différence une fois en place, celles qui peuvent faire bouger les lignes au Parlement.
La politique suisse est dominée par le trio bourgeois UDC, PLR et Centre et, selon les sondages, cela ne va pas changer pour les quatre prochaines années. Mais ces trois partis ne sont de loin pas d’accord sur tout. D’où l’importance d’une opposition forte qui peut jouer l’arbitre, qui peut contrer l’hégémonie droitière par des référendums ou des initiatives. Ou qui peut faire entendre plus fort la voix des Romands minoritaires.