BDMis aux enchères, le dessin polémique d’Astérix n’a pas trouvé preneur
La couverture originale de l’album «Astérix et Cléopâtre» a été mise en vente ce dimanche à Bruxelles, malgré l’opposition de la fille d’Uderzo qui la soupçonnait d’avoir été volée.
Une couverture originale de l’album de bande dessinée «Astérix et Cléopâtre» de 1963 a été mise aux enchères dimanche à Bruxelles, mais n’a pas trouvé preneur après une contestation judiciaire de la part de la fille du dessinateur Albert Uderzo, qui soupçonnait l’œuvre d’avoir été volée.
La célèbre gouache représentant la reine égyptienne allongée et les deux héros gaulois Astérix et Obélix devait être vendue par la maison de ventes bruxelloise Millon. Mesurant 32 centimètres sur 17, cette œuvre était susceptible d’être vendue entre 400’000 et 500’000 euros, mais aucune offre n’a été faite à la mise à prix.
Le directeur général de la maison Millon, Arnaud de Partz, a déclaré que les acheteurs avaient peut-être été découragés par la plainte de la fille du dessinateur français Albert Uderzo, mort en 2020. Sylvie Uderzo a fait valoir que, si son père avait donné le tableau, il l’aurait signé et dédicacé, et donc que ce tableau a dû être volé. Millon insiste sur le fait qu’elle vend l’œuvre au nom du fils d’un homme qui l’a reçue il y a plus de cinquante ans d’Uderzo, cocréateur de la série des «Astérix».
Une photo comme preuve
Sylvie Uderzo a déposé une plainte auprès du Parquet le 27 novembre. Mais le Parquet de Bruxelles a finalement constaté «l’absence d’infraction» et décidé, vendredi, de classer la plainte. L’avocate de Sylvie Uderzo, Orly Rezlan, avait prévenu que tout acheteur du dessin original pourrait être poursuivi pour recel, une idée rejetée par les commissaires-priseurs. «De son vivant, Albert Uderzo a déclaré publiquement qu’il s’opposerait à la vente de tout dessin ne comportant pas sa dédicace», a soutenu l’avocate la semaine dernière.
Millon assure de son côté que de nombreuses autres pièces non dédicacées d’Uderzo ont déjà été mises auparavant aux enchères publiques. Et la maison a produit une photo sur laquelle on voit un homme présenté comme l’acquéreur du dessin partager un repas à la table du couple Uderzo, à la fin des années 1960. «Nous avons montré cette photo à Sylvie Uderzo pour lui montrer que le père du vendeur connaissait bien son père», a expliqué Arnaud de Partz.
2,16 millions pour l’original de «Tintin en Amérique»
L’histoire d’«Astérix et Cléopâtre» est apparue sous forme de feuilleton dans le magazine «Pilote» en 1963 et a été reliée comme le sixième livre d’aventures de la série en 1965. La couverture parodie l’affiche du péplum «Cléopâtre» de 1963, avec la Cléopâtre d’Uderzo dans la même pose que sa star de cinéma Elizabeth Taylor.
Ces dernières années, les œuvres d’art issues des éditions originales de bandes dessinées françaises et belges comme «Astérix» ou «Tintin» ont attiré de riches collectionneurs et investisseurs. En février, la couverture originale de «Tintin en Amérique», du Belge Hergé, datant de 1942, a été vendue à Paris pour 2,16 millions d’euros. Mais les héritiers des défunts auteurs et illustrateurs de bandes dessinées gardent farouchement les droits sur ce que sont devenues des marques mondiales, et plusieurs ventes ont suscité des controverses.