SportAbécédaire prospectif du sport en 2024 (3/4)
L’année que vient de débuter s’annonce intense pour les sportifs, mais aussi pour ceux qui aiment suivre les athlètes depuis leur canapé. En quatre épisodes, on a essayé d’imaginer ce que sera le sport en 2024. Ou pas. Plutôt pas, en fait…
- par
- Robin Carrel
N comme: Novak le GOAT
Rafael Nadal est de retour, mais a fini par perdre en quart de finale de Roland-Garros contre Stanislas Wawrinka; Roger Federer est devenu un panneau publicitaire ambulant, surtout présent en Chine ou dans les Émirats, là où ses rares sorties en public se monnaient le plus cher; et même Andy Murray, qui réalise une dernière saison en forme de tournée d’adieux, sont toujours les plus populaires du monde de la petite balle jaune. Novak Djokovic, lui, a fêté ses 37 ans en mai et il n’a sans doute jamais été aussi fort. Et peut-être même que jamais personne n’a été aussi bon à son sport depuis qu’il existe! Mais le Serbe reste un pestiféré pour deux-tiers des suiveurs de la petite balle jaune juste parce qu’il rend son temps pour aller aux toilettes ou se soigner quand il est mené deux sets à un sur un tournoi majeur. Terrible, car même son Grand Chelem calendaire sans perdre un set en 2024 n’a pas suffi à lui offrir définitivement le titre de G.O.A.T. dans le cœur des gens.
O comme: Oezdemir
C’est l’année de la consécration pour le Fribourgeois! «No Time» a finalement pris son temps, mais il a fini par brandir la ceinture de champion du monde des lourds légers de l’UFC. Après une victoire au printemps en quelques secondes contre Johnny Walker dans l’octogone de l’O2 Arena de Londres qu’il connaît si bien, le Suisse est remonté en flèche dans la hiérarchie de sa catégorie. Mais c’est grâce à de sacrés concours de circonstances qu’il a réussi à monter sur le trône. Et le premier n’en est pas le moindre: il a réussi à obtenir le droit de remettre les pieds sur le sol américain! Tout est ensuite allé très vite. En septembre, à Las Vegas, le champion Alex Pereira devait d’abord se mesurer à Jamahal Hill. Mais ce dernier est tombé dans son jacuzzi et s’est brisé un pied. Le 2e au classement, Jiri Prochazka peinait quant à lui à se remettre d’un précédent K.O., tandis que le 3e Magomed Ankalaev n’avait plus de crédit à son forfait et n’a pas pu être joint. Volkan Oezdemir a finalement été appelé quatre jours avant le combat pour sauver les meubles et il fera bien mieux que ça: une soumission venue d’ailleurs au 2e round!
P comme: Pellaudisme
Encore une belle histoire en cette année 2024! Simon Pellaud a fini par réaliser son rêve et s’est imposé sur une étape du Tour de Romandie. Le plus Colombien des Valaisans a remporté, en solitaire qui plus est, l’étape de montagne du jeudi en direction de Salvan/Les Marécottes. Le coureur de l’équipe Tudor a comme d’habitude démarré dès le km 0 et personne ne l’a suivi, croyant que le «Pellaudisme» – ce courant du cyclisme qui implique beaucoup de panache, mais ne rapporte pas des masses de victoires dans le World Tour cadenassé par les bataillons des équipes aux budgets énormes – allait encore une fois être synonyme d’échappée belle mais vaine. Sauf que cette fois le Suisse avait une botte secrète au bord de la route. Sa copine avait en effet fait le déplacement d’Amérique du Sud et s’était glissée au milieu du fans club de l’ancien coureur de l’équipe IAM Cycling. Dans les lacets juste au-dessus des Gorges du Trient qu’il connaît si bien, Pellaud a eu droit à un boost d’une boisson énergétique connue que de certaines tribus colombiennes juste avant la banderole des dix derniers kilomètres. Il a fini avec plus de 4 minutes d’avance. Insuffisant toutefois pour régater au général, lui qui avait perdu un quart d’heure la veille autour de Fribourg, après qu’il s’était arrêté regarder passer le peloton pour l’applaudir dans la montée de la Lorette.
Q comme: quasi la bonne distance
Ca a été le grand drame dans le canton de Vaud cette année: le parcours du semi-marathon de Lausanne était trop long! Un mesureur certifié par les instances mondiales avait vérifié le parcours et le verdict a été sans appel. Il y avait environ 300 mètres de trop par rapport aux 21,0975 km prévus! Les temps des coureurs n’ont finalement pas été corrigés et ça a été un drame pour beaucoup. On sait à quel point un athlète n’aime pas qu’on lui fasse baisser sa moyenne! Mais les divers organisateurs lausannois ont fini par trouver un moyen de se faire pardonner par le grand public. Il a été ainsi décidé en sous-commission que, exceptionnellement en 2024, les 20 Kilomètres de Lausanne, prévus les 27 et 28 avril prochains, feront cette fois 19’600 mètres. Tout le monde aura ainsi battre son record et se remettre des émotions négatives vécues sur le «semi» de 2023. Précipitez-vous, les inscriptions en ligne commencent déjà ce mois-ci!
R comme: retraite
On avait fini par penser que ça n’arrivera jamais, mais Christian Constantin a bel et bien quitté le FC Sion à l’été 2024. Son FC Sion! L’omni-président valaisan a passé la main au mystérieux «Collectif Tourbillon», juste après la promotion en Super League facilement validée au printemps. Les nouveaux propriétaires ont été obligés de drastiquement réduire la voilure, pour ne pas avoir à mettre entre 10 et 15 millions de francs pour pouvoir régater et ont tenté de lancer un effectif 100% valaisan en Super League. Le public a suivi, mais c’était sportivement osé. À Noël, après seulement 4 points en 22 matches, le FC Sion a fini par être racheté un franc symbolique par Mario Balotelli. Quant à Barthélémy Constantin, l’histoire ne dit pas encore ce qu’il deviendra. Selon une information du Nouvelliste, la dernière fois qu’il aurait été vu, il était dans un Cybercafé en train de remodeler son CV pour postuler comme directeur sportif du Lausanne-Sport. Un dossier rapidement retoqué par Ludovic Magnin et le jeune homme a passé l’été à servir des kebabs du côté de Naters, en attendant de pouvoir rebondir dans le monde du ballon rond.
S comme: Super League
Surprise! À peine les tribunaux ont-ils légiféré sur le sujet que la redoutée Super League a été lancée par quelques clubs frondeurs. Le Real Madrid, le FC Barcelone, la Juventus et Naples, notamment, sont les têtes de pont de ce projet, censé rapporté 5 milliards de francs par an tout en étant diffusé gratuitement sur les internets. Problème: à part ces clubs, personne n’a suivi. Les Anglais gagnent bien assez d’argent entre eux, les Allemands aiment le football vrai et les Français ont de toute façon toujours deux ou trois trains de retard. Les équipes fondatrices se sont lancées et ont ratissé large, très large, afin de remplir les 64 places de leur nouvelle compétition. Dans le groupe A, par exemple, l’une des deux poules de cette Super League, le Real Madrid va devoir batailler contre Naples, Al-Ittihad (Arabie Saoudite), le Kairat Almaty (Kazakhstan), le Dinamo Brest (Biélorussie), le Football Club Andorra, le FC Luxembourg City et la II du Stade Lausanne Ouchy (Suisse). Pas super excitant…